La Revue de Presse du jour – 12/06/2017

La revue de presse… La double balade dominicale : Rafael Nadal et Emmanuel Macron !

Nadal-Macron, des similitudes ? C’est l’idée du dessinateur Kak qui montre à la une de L’Opinion une brochette de personnalités défaites (Baroin, Cambadélis, Le Pen, pas défaites dans sa circonscription mais à la tête de son parti) ensevelies sous les balles jaunes. On aperçoit une raquette de La France insoumise trouée…
« Avantage Macron », lance l’arbitre.
Macron plie le match, titre L’Opinion…
Si Rafael Nadal comme on le voit partout s’est couché sur le court central, les bras en croix, après sa victoire « historique », la dixième, quelle fut l’attitude hier soir du Chef de l’Etat en découvrant « le raz de marée historique » d’En marche!, comme le résume le titre du Courrier de l’Ouest ?

On a quelques infos sur la soirée à l’Elysée…

« Quel premier tour ! », a glissé le président à ses invités, raconte Le Parisien.
Ses proches (Erik Orsenna, les membres de son cabinet) et les ministres avaient été invités à passer la soirée dans l’immense salle des fêtes de l’Elysée. Environ 80 personnes ont pu mesurer, sur des écrans installés pour l’occasion l’ampleur de la vague de la République en marche qui s’apprête à déferler à l’Assemblée nationale.
Le chef de l’Etat est passé de convive en convive, point commun avec Nadal qui nous dit Libération ne peut pas rentrer dans une pièce sans saluer tous les présents un par un…
A l’Elysée hier soir, le président est-il lui aussi resté stoïque, en raison de la même prévisibilité du résultat ? Il s’est éclipsé assez vite…
« Emmanuel est plus réservé, il ne manifeste plus ses émotions comme avant », regrette presque un proche toujours dans Le Parisien.
Les fidèles venus du PS voulaient savoir comment s’en sortaient leurs anciens camarades… « Hamon éliminé, je suis content », a lâché l’un d’eux : « Et Martine Aubry ? Vous vous souvenez de son Macron : ras le bol ! Aujourd’hui, je me marre… »

Dans le Nord aussi, « La République en marche est en force ! »

C’est la manchette de La Voix du Nord qui écrit qu’avec l’effacement de tous les sortants PS, « le Nord liquide l’héritage socialiste ». Ce n’était pas évident au soir du 1er tour de la présidentielle, quand Emmanuel Macron n’était arrivé que 3ème dans le Nord au premier tour.
Ce constat de « l’effet Macron » est souligné partout : La Dépêche du Midi, La Nouvelle République du Centre-Ouest, Presse Océan, Sud-Ouest…
Manchette du Figaro : Macron en marche vers une majorité écrasante.
Un démenti cinglant au scénario qui était privilégié il y a quelques semaines encore…
Sans aller jusqu’au mea culpa, un journaliste politique reconnaît que la prévision politique n’est pas une science exacte : Grégoire Biseau de Libération.
« Au lendemain du premier tour de la présidentielle, on avait annoncé le retour probable de la IVème République, écrit-il. Sept semaines plus tard, on assiste, médusé, à la spectaculaire restauration de la Vème ».
Force est de reconnaître qu’Emmanuel Macron a eu raison et a fait preuve d’une redoutable habilité politique : il a senti l’attente dans l’opinion d’une fonction présidentielle restaurée, compris comment ébranler la droite, et su envoyer une série de cartes postales parfaitement calibrées (Trump, Poutine) réussissant à combler son silence sur l’affaire Ferrand et son revirement sur l’état d’urgence… « Du grand art ! »

Reste la question de l’abstention record !

Une alerte ou un bémol, selon les interprétations
L’abstention est préoccupante pour L’Opinion et Ouest-France : les Français ne sont pas convertis à la Macron-mania, dit le premier journal quand le second souligne que La République en marche rafle la mise avec 1/3 de la moitié des inscrits : ce n’est pas glorieux.
Le Figaro abonde sur cette ligne.
Le Monde rappelle que les jeux apparaissaient comme faits, ce qui a fini de démobiliser une partie de l’électorat… Mais attention à ce que cette élection quasi jouée ne devienne une élection au rabais, et que ce scrutin censé cristalliser la volonté de renouvellement ne devienne pas celui de la résignation.
Mais Les Echos et Libération relativisent cette abstention record. « Pas forcément la manifestation d’une grave crise, pour Libé. Juste le signe d’une petite (et légitime) fatigue démocratique ».
Les Echos ne voient pas dans l’abstention une ombre portée sur la déferlante macroniste : le journal économique relève par ailleurs que le procès en absolutisme est un classique des perdants des législatives (ni le PS en 2012 ni la droite en 2007 n’avaient été choqués par leur majorité absolue.

Autre question : comment vont se comporter les nouveaux élus grâce à Emmanuel Macron ?

Les « marmousets » comme les appelle Libération… Une variante de marmots…
Ils seront présents en masse… donc pas forcément dociles…
Autre argument avancé, l’inexpérience de ces députés. « On peut faire la démonstration inverse », rappelle le sondeur Jérôme Fourquet, évoquant la précédente législature : « Parmi les frondeurs du PS, beaucoup étaient des novices à l’Assemblée nationale. »

Ca promet de nouvelles surprises ou pas… Mais je termine Guillaume avec un éloge…
A la frontière du réel, implacable, le roi des terriens… Nadal… Ces quelques lignes merveilleuses dans L’Equipe : « Combien de grands peintres, d’écrivains, d’artistes sublimes ont un jour créé un chef-d’œuvre en un peu plus de douze heures ? Aucun sans doute avant Rafael Nadal sur l’ocre battu parisien. Ceci est son sang, son sol, sa terre à lui, pour l’éternité ».
(Je n’ai pas encore lu des lignes similaires d’un thuriféraire d’Emmanuel Macron qui nous dirait la même chose sur un chef d’œuvre créée « en à peine plus de 12 mois »)

Michel Grossiord