La revue de presse et le match de ce soir avec le Onze de France…
Onze à débattre !… Petits, grands, candidats sérieux, candidats en quête d’un quart d’heure de gloire… Tous sur un même pied d’égalité.
Signe de la vitalité de la démocratie ? Ou faille dans le système de parrainage ? (ce que pense Le Figaro qui s’interroge sur les règles d’accès à la compétition)
Un débat inédit en tout cas dont les règles devraient éviter la foire d’empoigne, car c’est un risque souligné par Le Progrès…
Un débat « historique », se félicitent les chaînes d’info : en effet, comme l’écrit L’Opinion, imagine-t-on Marcel Barbu (1,5% en 1965) débattant avec le général de Gaulle ?
Imagine-t-on Jean-Claude Sebag (0,16% en 1974) interrompant Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand ?
Ou Gérard Schivardi (0,34% en 2007) contredisant Nicolas Sarkozy ?
Les « six petits » n’ont rien à perdre…
Ce qui va compter pour eux, c’est de conquérir leur instant de gloire. De faire du buzz, comment L’Opinion qui imagine Jean Lassalle entonner une chanson en Béarnais pour expliquer comment il tiendra tête à Donald Trump…
Mais l’enjeu de ce soir est ailleurs, du côté d’Emmanuel Macron, soulignent les journaux…
C’est celui qui irrite le plus en voulant ratisser large, de la gauche sociale-démocrate à la droite sociale, notent Les DNA…
Enjeu pour lui, ce soir : surtout, comme favori, ne pas devenir l’homme à abattre. « Favori ? non merci ! », lance Le Parisien qui recueille les bons conseils de… François Bayrou !
« Il ne doit pas capitaliser mais avancer, prendre des risques. Je suis sûr qu’il va le faire avec une certaine joie de vivre », avance le président du Modem qui reprend les mêmes arguments que le candidat d’En Marche ! « Je ne suis pas le favori, je suis l’outsider », se défend Emmanuel Macron dans son interview au Monde…
François Fillon, qui le pilonne, est sûr de lui…
Confidence de François Fillon dans Le Parisien et Le Figaro : « Mon instinct me trompe rarement. Et mon instinct commence à me dire que ça va bien se terminer ».
Méthode Coué ?
Dans Les Echos, qui révèlent le slogan du grand meeting parisien du candidat de la droite dimanche prochain, « Je veux l’alternance, j’y vais ! »…. dans Les Echos, un cadre des Républicains reconnaît que l’optimisme demeure « mesuré », avec des parlementaires ne faisant campagne que pour les législatives.
Mais Jean d’Ormesson, inspiré également par son instinct, et par l’expérience de la vie et des campagnes électorales, écrit ce matin dans Le Figaro que « toujours l’inattendu arrive », et que l’écart Macron-Fillon va se resserrer…
Jean d’Ormesson ne pilonne pas Emmanuel Macron à la façon de François Fillon. Il le trouve intelligent, séduisant, mais aussi incertain, contradictoire, un peu frêle…
Il dialogue à distance avec Emmanuel Macron sur l’image de Brutus…
Dans Le Monde, Emmanuel Macron juge croquignolesque, absurde, risible d’être aujourd’hui traité d’héritier de François Hollande par ceux qui l’avaient qualifié de Brutus…
Mais ça n’est pas contradictoire, estime Jean d’Ormesson qui rappelle que Brutus assassin est toujours aimé de César…
« Hollande était le maître que Macron a servi avant de le trahir. Mais Macron continue à le servir après l’avoir trahi ». Conclusion de Jean d’Ormesson : « Macron est la revanche et la consolation de Hollande ».
On s’y perd entre un Macron anti-Hollande et un Macron qui serait pro-Hollande…
Moi, président anti-Hollande… C’est la lecture contradictoire avec ce qu’on vient de dire de Cécile Cornudet qui rappelle elle qu’on ne meurt que deux fois de la main du même homme… Le second coup a été porté hier dans cette interview au Monde dans laquelle Emmanuel Macron fait de François Hollande son anti-modèle absolu…
Il n’est surtout pas l’héritier de sa méthode devenue synonyme d’inertie…
Mais dans L’Opinion, Nicolas Beytout (sur la ligne de Jean d’Ormesson) relève que si Emmanuel Macron peut incarner un changement dans la méthode (les hésitations hollandaises, une gouvernance anecdotique) il ne prend pas forcément le contre-pied de sa politique…
Les Onze auront 3 heures 30 pour crever l’écran, souligne Le Télégramme de Brest… On n’a pas cité Marine Le Pen qui rêve, souligne Le Parisien, d’affronter Emmanuel Macron au second tour…
Pourtant Emmanuel Macron est donné vainqueur…
C’est une inquiétante étrangeté qui caractérise cette campagne, pour Le Monde : Emmanuel Macron apparaît pourtant comme une sorte d’adversaire idéal pour la présidente du FN, tant il incarne ce sur quoi l’extrême droite s’est construite depuis plusieurs années… l’extrême droite qui entend bien lui faire endosser le costume du « système »…
A relever ce matin : un patron a écrit à ses 4.500 salariés pour les mettre en garde contre le vote Marine Le Pen. Jean-Luc Petithuguenin, PDG de Paprec, grosse société de recyclage, explique dans Le Monde comment le programme du FN va détruire des entreprises…
Question : Donner une consigne de vote à vos salariés, c’est du paternalisme un peu daté, non ?
Réponse : Je ne donne aucune consigne, mais il me semblait important d’informer le personnel et de prendre position publiquement, avec le soutien de mon conseil exécutif.
Dans le genre, le PDG Jean-Luc Petithuguenin est le seul, à ce jour, à entreprendre une telle démarche.
Michel Grossiord