Réunions non-mixtes : « La gauche s’est perdue, c’est un naufrage politique et intellectuel » selon Manuel Valls

Manuel Valls était l’invité politique de la matinale de Guillaume Durand ce mardi 30 mars. L’ancien Premier Ministre est l’auteur de l’essai « Pas une goutte de sang français » publié aux éditions Grasset, où il s’intéresse à la question de l’identité française et des valeurs de la République.

Manuel Valls : « Gérard Depardieu représente toutes les facettes de la France »

Manuel Valls a tenté de définir à travers son livre ce qui constituait son identité française : « je suis français pas seulement à travers mon parcours politique mais aussi à travers ma culture, mes lectures, ce que j’ai appris à l’école de la République, mes goûts en musique, en cinéma ». L’ancien Premier Ministre dresse d’ailleurs un portrait de Gérard Depardieu qu’il considère comme étant l’essence même de cet esprit français : « il est l’incarnation de la France par sa gouaille, sa tendresse, sa sensibilité (…) il est toutes les facettes de la France, il est marginal, a des excès mais est capable de passer de la grossièreté à la plus grande finesse ». Manuel Valls, naturalisé français à l’âge de 20 ans, né d’un père catalan et d’une mère suisse, a écrit ce livre suite à une tentative infructueuse de relancer sa carrière politique à Barcelone, une période qui a renforcé son sentiment d’appartenance à la France : « quand vous êtes à l’extérieur, pour moi en Espagne, on se rend compte que le regard des autres et vos manières vous ramènent à la France ».

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Mais quelle est la réelle ambition de ce livre ? Redorer le blason d’un Premier Ministre qui a dû s’exiler pour relancer sa carrière politique ? Selon le principal intéressé, l’objectif est simple : « en étant candidat à rien, je veux participer à ce débat d’idées, car la France est un grand peuple politique ». Il assume cette image clivante au sein du paysage politique : « partir, revenir, j’assume, j’ai été populaire et très impopulaire (…) en perdant aux primaires j’ai représenté tout ce qui ne plaisait pas pendant le quinquennat (…) je suis la figure du traître car je n’ai pas respecté le pacte de la primaire ». Mais Manuel Valls souhaite incarner une certaine vision de la République, qui est avant tout « une culture, des valeurs à apprendre et à partager pour former une communauté nationale » en opposition « à la France que je n’aime pas, celle d’Eric Zemmour et celle d’Assa Traoré ».

 

Manuel Valls : « L’islamo-gauchisme a gangréné la gauche et l’extrême-gauche »

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur puis Premier Ministre, est l’une des figures majeures du quinquennat de François Hollande, quinquennat dont il reconnaît quelques erreurs. L’une d’elles a été de laisser les frondeurs au sein de la majorité alors « qu’il fallait une rupture pour assumer notre politique économique et sociale de soutien aux entreprises, de baisse des charges et de baisse des impôts (…) en gardant les frondeurs au sein du Parti Socialiste nous avons nourri nos détracteurs ». Une autre décision qui se révèlera un moment charnière de la vie politique française est la nomination d’Emmanuel Macron en tant que ministre de l’Economie, ce qui semblait d’abord une bonne idée à Manuel Valls : « sa nomination fin 2014 rétablit une forme de cohérence car il est en phase avec notre politique économique et un rajeunissement du gouvernement (…) mais il s’est joué de nous et des faiblesses de François Hollande (…) c’est le jeu politique, quand vous perdez vous êtes un traitre, quand vous gagnez vous êtes un stratège ».

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Manuel Valls ne croit pas dans l’éventualité d’une union de la Gauche à l’élection présidentielle de 2022. L’ancien Premier Ministre affirme que « la gauche n’a pas su répondre à la crise identitaire du surgissement islamiste et du djihadisme (…) c’est une gauche toujours irréconciliable à cause de différences d’approches ». Manuel Valls n’est d’ailleurs pas tendre avec ce bord politique et récuse complètement leur vision de la France : « l’islamo-gauchisme a gangréné la gauche et l’extrême-gauche (…) il est extraordinaire de voir ces gens défendre des réunions entre personnes d’une même couleur, et si d’autres viennent il faudrait se taire (…) il faut bien se rendre compte que c’est un naufrage, c’est une crise plus profonde que la gauche est en train de vivre (…) des syndicats, des enseignants et une partie des formations de la gauche identitaire sont incapables de renouer avec les valeurs de la République ».

Rémi Monti

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