Régionales : « Il ne faut pas faire un drame à propos de l’abstention » affirme Alain Minc

Alain Minc était l’invité de la matinale de Dimitri Pavlenko. L’essayiste a longuement évoqué le premier tour des élections régionales, marqué par une abstention record, les revers du Rassemblement National et de La République En Marche ainsi que les bons scores des sortants de droite comme de gauche.

Abstention record : « On ne peut pas dire qu’elle dessine le terrain de ce que sera la présidentielle » selon Alain Minc

Avec plus de 33% de participation, le taux d’abstention des Français a atteint un niveau record. Cependant, Alain Minc invite à prendre en compte le contexte actuel et à ne pas s’alarmer en vue de la présidentielle 2022, dont il prédit un fort taux de participation : « Il ne faut pas non plus faire un drame à propos de l’abstention, on sort tous de prison (…) On pense à la liberté, on pense à autre chose qu’à des élections sur une collectivité mal comprise et dans des territoires complètement charcutés par la réforme de François Hollande (…) L’abstention est un problème, mais il y a des facteurs qui l’expliquent, et on ne peut pas dire qu’elle dessine le terrain de ce que sera la présidentielle ».

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Selon Alain Minc, Emmanuel Macron a fait l’erreur de s’impliquer directement dans la stratégie politique de cette élection, à défaut de garder de la hauteur et gérer la politique du pays, il s’est ainsi associé au revers subis par LREM : « Chacun sait que je soutiens Emmanuel Macron que je connais depuis tellement longtemps (…) La grande politique, Macron la mène très bien (…) mais il a fait l’erreur de s’impliquer et de ne pas prendre de la hauteur (…) il fallait être lucide, En Marche n’existe pas, il fallait se rallier à Valérie Pécresse ou à Alain Rousset ». Selon l’essayiste, LREM tient uniquement sur l’unique personnalité d’Emmanuel Macron, et ne présente ni solidité ni garanties : « Emmanuel Macron existe, mais le Macronisme n’existe pas, c’est un centrisme dilaté par la personnalité éclatante de Macron (…) Bayrou qui n’est pas Macron sur le plan du charisme a amené le centrisme à 20%, Macron l’a amené à 24% (…) mais imaginer que la droite et la gauche allaient disparaître c’est omettre l’Histoire de France ».

 

Alain Minc : « La gauche ne va pas mourir et ne peut pas mourir »

En vue de la présidentielle 2022, Alain Minc prédit un retour en force des Républicains à condition de régler les petites guerres entre candidat potentiels qui minent le parti : « Si la droite est capable de régler ses problèmes internes, c’est à dire de trancher entre les candidats qui vont se sentir pousser des ailes, Pécresse, Wauquiez et Bertrand, elle sera un candidat redoutable (…) on va voir si la droite française est, comme on l’a souvent dit, la plus bête du monde ».

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Quant à la gauche, Alain Minc affirme qu’elle n’est pas en si mauvaise posture, et que l’unique différence entre la gauche actuelle et une gauche victorieuse est la présence d’une personnalité emblématique et capable de rassembler : « La gauche ne va pas mourir et ne peut pas mourir, les inégalités croissantes dans le monde développé font que la gauche a un espace pour exister (…) le seul problème de cette gauche est qu’elle n’a pas son Mitterrand (…) ni Hidalgo, ni Faure, ni Jadot ne sont ce personnage charismatique qui a emballé tout le monde dans une course en avant réussie (…) Aujourd’hui les écarts entre les écolos décemment raisonnables et les socio-démocrates ne sont pas si grands, les idées du programme commun de Mitterrand ce n’était qu’une alchimie purement politique ».

Rémi Monti

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