Primaire à droite : Xavier Bertrand souhaite le monopole de sa candidature

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Xavier Bertrand propose une rencontre à Valérie Pécresse ou Michel Barnier mais refuse un vote pour les départager. Est-ce un pas en avant ou un pas en arrière pour la désignation du candidat de la droite ? 

Les adhérents Les Républicains ont approuvé le principe d’un vote pour choisir entre plusieurs candidats

Admirez la dialectique du président des Hauts-de-France : l’apparence d’une main tendue, mais la réalité d’une fin de non-recevoir. Xavier Bertrand dans le Figaro et sur France 2 dit qu’il voulait parvenir à une candidature unique de la droite, bien sûr, qu’il voulait le soutien de LR, mais qu’il n’accepterait de vote que s’il s’agit d’un congrès de « rassemblement » et pas un congrès « d’affrontement ». Traduisons cela en langage courant, oui à un vote s’il ne porte que sur un seul nom, et de préférence le sien, mais non à un vote s’il s’agit de départager plusieurs candidats. Dimanche dernier, les adhérents LR ont bien tué la primaire, faisant les affaires de Bertrand. Ils ont approuvé le principe d’un vote pour choisir entre plusieurs candidats et ça, Bertrand n’en veut toujours pas.

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C’est une surprise pour ceux qui ne voulaient pas regarder la réalité en face, en l’occurrence la direction des Républicains. Depuis le début, le patron des Hauts-de-France dit : je suis candidat directement face au peuple mais pas question de la moindre procédure préalable. Il le redit dans le Figaro : la présidentielle est un scrutin à deux tours, pas à quatre tours. Il fallait être bien naïf pour croire que, refusant une primaire ouverte, il allait accepter une primaire fermée, devant les seuls adhérents LR qui lui en veulent toujours d’avoir quitté le parti. En fait, tout le monde a perdu son pari. Le calcul de Bertrand était de se dire : je fais le trou dans les sondages et les autres n’auront pas d’autre solution que se retirer pour moi. Et bien c’est raté parce qu’il n’a pas fait le trou et est même à touche-touche avec Valérie Pécresse. De l’autre côté, Pécresse et Barnier se disaient qu’avec une primaire, c’est celui qui ne jouera pas le jeu qui sera montré du doigt. Donc une fois décidé, Bertrand n’aura pas d’autre chose que de se rallier au processus. Et bien avec ce vote croupion, c’est raté également.

Le parti a été jusqu’à rédiger une clause pour empêcher Eric Zemmour de participer au vote des militants

Précisons qu’il ne reste que deux semaines avant que la procédure du congrès soit définitivement validée. Et dire que LR a été jusqu’à rédiger une clause pour empêcher Eric Zemmour de participer au vote des militants. Mais il n’en a aucune envie Zemmour. Il préfère se délecter à voir devenir fou un parti qui ne sait pas plus gérer cette candidature annoncée que désigner son propre candidat. Alors il y a ceux qu’il veulent le diaboliser en le renvoyant à l’extrême-droite, comme Gérard Larcher ou Christian Jacob. Il y a ceux qui préfèrent argumenter sur le fond en débattant avec lui, comme le patron des députés, Damien Abad. Mais comme l’a dit il y a quelque jours Nicolas Sarkozy, le phénomène Zemmour est d’abord « le symptôme du vide du débat politique ». C’est un rappel cruel pour la droite.

Guillaume Tabard

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