L’historien et économiste Nicolas Baverez était l’invité ce mardi 19 avril de la matinale de Radio Classique. Au micro de François Geffrier, il a alerté sur l’importance du vote au second tour de la présidentielle, « pour faire face à la menace des régimes autoritaires ».
La présidentielle, un vote décisif dans le contexte de la guerre en Ukraine
Nicolas Baverez juge que le débat politique en vue de l’élection présidentielle est « passé à la trappe », en raison de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Il note également que la précédente élection de 2017 avait passionné les Français et le monde entier, en particulier après le vote du Brexit et l’élection de Donald Trump, mais qu’elle s’était déroulée « dans un contexte beaucoup plus apaisé ». Pour l’économiste, le prochain quinquennat va être plus chahuté que celui qui s’achève, « placé sous l’ombre des crises ». Il parle d’un moment « décisif » pour l’Europe et la démocratie, avec l’offensive russe en Ukraine : « le vote des Français va être extrêmement important [et révèlera] la manière dont les démocraties vont arriver ou non à se repositionner face à la menace des régimes autoritaires ». Nicolas Baverez assure que cette présidentielle est une élection clé, avec des enjeux fondamentaux qui vont au-delà de la France. D’un point de vue géopolitique, « la grande confrontation entre démocraties et régimes autoritaires qu’on voyait poindre avec l’invasion de l’Ukraine est devenu directe avec une menace existentielle qui pèse sur la France et sur l’Europe », poursuit-il, évoquant les menaces d’attaques chimiques ou nucléaires.
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L’Europe doit se réarmer face à la Russie, selon Nicolas Baverez
Dans ce contexte très alarmant, Nicolas Baverez assure que « finalement, le projet de Marine Le Pen a été peu débattu et discuté ». Sa campagne de proximité sur le pouvoir d’achat s’est révélée très efficace, souligne-t-il, à l’image de nombreux observateurs, mais il pointe « des problèmes fondamentaux ». La candidate du RN envisage 120 milliards d’euros de dépenses. Or « s’il y a quelques économies très limitées », indique l’économiste, « ce programme n’est pas financé et nous expose à un choc financier ». Il affirme que l’idée de rapprocher l’Otan de la Russie de Vladimir Poutine, comme le souhaite Marine Le Pen, « est complètement irréaliste ». L’urgence, selon lui, est que l’Europe recouvre sa souveraineté, son unité et se réarmer pour rétablir une dissuasion militaire face à la Russie.
Béatrice Mouedine