Après quinze minutes d’une allocution exclusivement consacrée à la guerre en Ukraine et à ses conséquences, il n’y a toujours pas eu de déclaration de candidature de la part d’Emmanuel Macron.
Cette intervention solennelle a aussi une portée sur la scène politique intérieure
Emmanuel Macron sait que la date butoir est imminente. C’est demain, le 4 mars, que le Conseil constitutionnel arrêtera la liste des candidats. Mais Emmanuel Macron ne voulait pas basculer dans cette étape électorale avant d’avoir fait un point solennel sur cette situation à la fois alarmante et inédite d’une guerre sur le sol européen. Il ne le voulait pas et l’opinion ne l’aurait pas compris. Elle n’aurait pas compris que le chef de l’Etat vienne parler de son avenir électoral au moment où le sort d’un pays se joue et où les conséquences sur la vie concrète de chacun peuvent être colossales. Donc « président jusqu’au dernier quart d’heure », n’est pas uniquement une belle formule, c’est une obligation. C’est à la fois une question de bon sens et une question de décence. Mais ne soyons cependant pas naïfs : cette intervention solennelle a aussi une portée sur la scène politique intérieure. La posture présidentielle la plus solennelle est la meilleure carte à jouer pour le candidat imminent.
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Une allocution télévisée sur toutes les chaînes à 20 heures, est la force de frappe médiatique maximale. C’est l’apanage du chef de l’Etat, pas besoin d’en dire plus. Par cette simple image, Emmanuel Macron fait comprendre à tous ses concurrents qu’il ne joue pas dans la même catégorie qu’eux. Il joue, ou en tous cas il profite, de cette suprématie institutionnelle. C’est donc en faisant le président, qu’il présente son meilleur profil de candidat. Il n’a pas choisi les circonstances bien sûr, mais c’est ainsi que ces circonstances tragiques le favorise. Il suffit de voir comment sa côte de confiance et, par ricochet, ses intentions de vote, repartent brusquement à la hausse.
En fin d’allocution, Emmanuel Macron a fait une très courte allusion à la campagne électorale
Ce registre du capitaine dans la tempête, de chef de guerre, y compris au sens métaphorique comme il l’a revendiqué durant la crise du Covid, est un registre qu’il aime bien et qui lui convient. S’il va quand même bien falloir passer par la case déclaration de candidature puis, logiquement, accepter de débattre avec ses concurrents, il sait qu’il n’aura pas de meilleur ton pour faire campagne qu’une telle allocution où il peut conjuguer la gravité et le thème de la protection des Français. En fin d’allocution, le président a quand même fait allusion à « la campagne électorale qui s’ouvre ». Il a seulement déclaré trois courtes phrases en fin d’intervention, dont celle-ci : « cette campagne permettra un débat démocratique important pour la nation, mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel ». Cela annonce clairement une campagne très « France unie ».
Guillaume Tabard