Présidentielle : Nicolas Sarkozy soutient Emmanuel Macron, un cadeau empoisonné ?

Jacques Witt/SIPA

Nicolas Sarkozy a annoncé hier son soutien à Emmanuel Macron. C’est un moment important parce que la prise de position d’un ancien président de la République est une acte politique qui compte. Il dispose encore d’un crédit fort dans l’opinion de droite.

Ni Macron ni Le Pen, le choix d’une partie des élus LR

Nicolas Sarkozy est le seul candidat qui a fait baisser le Front national, même si c’était il y a quinze ans. Il peut être un renfort utile pour Emmanuel Macron qui est en engagé dans un duel serré avec Marine Le Pen. Mais Sarkozy va plus loin qu’un simple soutien électoral. Il ne dit pas juste « votez Macron« , comme Lionel Jospin aussi l’a fait hier. Il dit à l’ensemble de la droite : acceptez l’offre de rassemblement lancée dimanche soir par le chef de l’Etat. Autrement dit : ne cherchez pas à subsister comme opposition à Macron ; cherchez à exister comme partenaires de Macron. Cet appel sera probablement très peu suivi, pour une raison politique d’abord. Au lendemain de la déroute de Valérie Pécresse les élus et dirigeants LR sont divisés entre ceux qui appellent à voter Macron et ceux qui préfèrent le ni-ni, ni Macron, ni Le Pen. Mais de Gérard Larcher à Eric Ciotti, tous veulent que la droite reste une alternative au chef de l’Etat sortant et pas un club de supplétifs.

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Et puis il y a une raison plus personnelle. Tout le monde a remarqué que Nicolas Sarkozy était resté silencieux avant le premier tour. Il n’a eu ni un mot ni un geste pour la candidate de son parti et, plus encore, ses confidences sur elle avaient contribué à la torpiller. A l’inverse, il est très allant en direction de celui qui a laminé cette candidate. Beaucoup n’ont pas aimé son attitude, ça laisse des traces et cela affaiblit son pouvoir prescripteur à droite. Il y a à LR de la déception et de la colère contre lui. Au groupe LR à l’Assemblée nationale on dit qu’une quinzaine seulement de députés sortant suivront cette consigne d’alliance.

 

Dans l’équipe de Macron, on ne veut pas faire du soutien de Sarkozy le centre de la campagne d’entre deux tours

Pour Emmanuel Macron, c’est un soutien à double tranchant. Evidemment, Sarkozy est un soutien fort, mais sur la base des résultats du premier tour, on peut se dire que l’essentiel de ce qu’il y avait à prendre à droite a été pris. L’homme clé de ce second tour, on peut le déplorer, mais il s’appelle Jean-Luc Mélenchon. Ce sont ses électeurs qu’Emmanuel Macron veut séduire en priorité, d’où l’inquiétant recul sur la réforme des retraites. Or il y a du chemin à faire pour récupérer un électeur mélenchoniste qui a été biberonné cinq ans durant à l’anti-macronisme le plus virulent.
Alors une alliance Macron-Sarkozy, demandez vous si c’est l’argument le plus convaincant pour désarmer les réserves et les colères d’un électeur de gauche. C’est pourquoi dans l’équipe du président, on se réjouit de ce ralliement de son prédécesseur, mais qu’on ne veut surtout pas en faire le centre de cette campagne d’entre deux tours.

Guillaume Tabard

 

 

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