Présidentielle : Macron réélu, la presse étrangère avertit que le plus dur est à venir

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Toute la presse étrangère parle ce 25 avril du résultat de l’élection présidentielle française, c’est le cas notamment du Guardian, d’El País, et du Washington Post. Que pensent les journaux internationaux des résultats et de la réélection d’Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron pourrait être « le nouveau leader de l’Union Européenne », selon les journaux américains

Le Courrier International propose ce matin une synthèse des commentaires et des gros titres de la presse étrangère. On notera logiquement que si la presse française pense à la France en commentant son élection, les titres étrangers eux pensent à l’Europe. Il en va de même pour les Américains en commençant par le New York Times qui estime qu’à « un moment critique pour l’Europe, alors que les combats font rage en Ukraine, la France a rejeté une candidate hostile à l’OTAN, à l’Union Européenne, aux Etats-Unis et à ses valeurs fondamentales ».

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Pour le Washington Post, « le résultat confirme le rôle de Macron en leader de l’Union Européenne, maintenant qu’Angela Merkel est partie et que son successeur est submergé par les problèmes liés à la guerre en Ukraine ». The Atlantic suggère même que pour Emmanuel Macron « l’Europe pourrait lui donner ses galons de grand homme. Il y a toutes les chances qu’il devienne la figure européenne déterminante de notre époque, éclipsant même Merkel dont l’héritage s’effondre devant nos yeux ». Enfin du côté de l’Outre-Atlantique, le Wall Street journal estime lui que « ce qui est en jeu, c’est la capacité de Macron à consolider les réformes en faveur des entreprises qu’il a mises en œuvre. De la baisse de la fiscalité, à l’assouplissement des règles du marché du travail, celles-là mêmes qui nourrissent tant la colère de ses électeurs à qui son premier mandat n’a pas profité ».

 

Une victoire au double visage selon les périodiques européens

Chez nos voisins britanniques la BBC le souligne, « cette élection montre que de plus en plus de Français sont aujourd’hui prêts à flirter avec les extrêmes. Ils le font en raison même du succès de la révolution macronienne. Les extrêmes sont le seul endroit où ils peuvent aller pour s’opposer à lui ». Le Guardian partage le même avis en précisant que « 2/3 de l’électorat n’aiment pas beaucoup Macron et le président réélu a reconnu que l’une de ses priorités serait de retisser des liens avec ceux qui sont restés chez eux ou qui lui ont donné leur voix uniquement pour faire barrage à Le Pen »Selon le Telegraph, « le centriste de 44 ans va devoir jouer davantage les équilibristes ». Même son de cloche pour leur confrère anglais du Economist : « la principale menace pour ce second mandat pourrait venir de la rue. La mission de Macron est désormais d’entamer durablement le pouvoir de séduction des extrêmes ». 

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La presse francophone insiste quant à elle sur la dualité de la victoire d’Emmanuel Macron. Si le quotidien Suisse Le Temps félicite « une incontestable performance politique dans un pays fracturé », Le Courrier de Genève rappelle néanmoins que « le repoussoir de l’extrême droite a moins bien fonctionné qu’en 2017. Le fumet raciste chatouille les papilles de plus en plus largement ». Pareil pour le quotidien belge Le Soir pour qui « cette victoire a un double visage, un goût amer. C’est une franche victoire et en même temps une sorte de défaite car entre l’abstention record et le score de Marine Le Pen, la reconduction pour 5 ans d’Emmanuel Macron est tout sauf un plébiscite ».

 

La presse espagnole attend Emmanuel Macron au tournant face à l’extrémisme

Côté espagnol, le très populaire El Pais « estime qu’il ne peut y avoir aucun motif de célébration. L’objectif de recoudre une France fracturée devrait être une priorité . Le nouveau quinquennat devra absolument éviter que la France ne tombe en 2027 entre les mains des extrêmes. C’est là-dessus que la postérité de Macron sera jugée, en France et en Europe ». Un journal espagnol de droite partage cette inquiétude et plaide pour que « Macron invente une nouvelle manière moins arrogante de faire de la politique. C’est le seul moyen d’éviter que le mécontentement n’augmente encore et alimente l’ascension de l’extrême droite ».

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Le journal néerlandais le NRC synthétise parfaitement en constatant que « les Français voient en Macron quelqu’un de charmant et d’arrogant mais aussi un bon gestionnaire de crise. Pour les électeurs de gauche il incarne le capitalisme mais aussi une politique climatique lâche et des violences policières. Les électeurs de droite le trouvent eux trop mou sur la sécurité, le terrorisme et l’immigration. Et pourtant il a été réélu et a profité de l’absence de concurrents forts ». Flegme britannique oblige, on laissera le mot de la fin au journal anglais The Spectator qui n’oublie pas les prochaines échéances électorales de l’hexagone : « pauvres Français, ils vont devoir retourner aux urnes en juin pour renouveler l’assemblée qui devrait devenir un foyer de résistance à Macron, car les espoirs de ce dernier d’y obtenir la majorité sont maigres ».

David Abiker

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