Avec la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle semble occultée. Il y a eu pourtant une information importante hier, le 1er mars : Marine Le Pen et Éric Zemmour ont désormais leurs 500 parrainages. Ce feuilleton n’était-il qu’un faux suspense ?
La bourse des signatures a aidé à convaincre les maires que parrainer n’était pas soutenir
Jusqu’à hier, Marine Le Pen, Éric Zemmour ou encore Nicolas Dupont-Aignan n’étaient véritablement pas assurés d’avoir les 500 signatures de maires nécessaires pour pouvoir se présenter. Ce n’était pas de la mise en scène, puisqu’ils avaient dû supprimer des déplacements de campagne pour se consacrer à la recherche de ces parrainages. C’était donc du temps perdu pour eux. Mais c’était surtout du temps perdu pour la campagne elle-même parce que, par définition, toutes les heures passées à parler de ces questions de procédure sont autant d’heures où l’on ne parlait pas des vrais sujets. Cela signifie-t-il que la bourse des signatures mise en place par François Bayrou n’a servi à rien ? Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan n’auront pas à puiser dans cette bourse. Mais il y a encore des candidats, certes bien plus bas dans les sondages, mais qui ont déjà été candidats comme Philippe Poutou ou qui ont été désignés par un corps électoral significatif comme Christiane Taubira.
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Cette bourse peut encore servir. Mais je pense surtout qu’elle a servi symboliquement. En effet, cela a aidé à convaincre les maires que parrainer n’était pas soutenir. Ce sont sans doute ces initiatives qui ont permis d’éviter ce qui aurait été une catastrophe démocratique. Qu’il y ait un filtre pour garantir un minimum de représentativité des candidats et que leur nombre reste raisonnable, c’est de l’évidence et du bon sens. Mais on a l’impression de revivre à chaque fois, le même feuilleton. Il faudra bien trouver des modalités à la fois plus simples, plus cohérentes et plus justes. Mais le risque est que l’on voit émerger un relatif consensus lorsque l’on constate qu’une candidature majeure pourrait être retoquée. Une fois que l’on voit que l’accident n’a pas eu lieu – et c’est à nouveau le cas – et bien on oublie et on n’en parle plus jusqu’à ce que le problème nous explose à nouveau au visage cinq ans plus tard. Donc le seul moyen d’éviter que ce casse-tête soit récurrent est de s’y attaquer dès le lendemain de la présidentielle.
Guillaume Tabard