Présidentielle : La guerre en Ukraine est-elle en train de régler la campagne électorale française ?

STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA

L’ensemble des candidats à la présidentielle ont été reçus à Matignon par Jean Castex pour évoquer la situation en Ukraine. Est-ce l’amorce d’une union sacrée en France ?

Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Anne Hidalgo étaient assis côte à côte, face à Jean Castex

Les regards sur la Russie ne sont pas identiques de la part des candidats. De ce point de vue, il y a moins d’unité de vue qu’en Allemagne par exemple, où la CDU, aujourd’hui dans l’opposition, applaudit aux décisions de la coalition SPD-Grünen. Mais dans les moments graves ou exceptionnels il y a une tradition en France, que le pouvoir exécutif informe et consulte l’ensemble des forces politiques. Cela s’est fait par exemple au moment des attentats ou plus récemment, pendant la crise du Covid.

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Dans ces cas-là, les chefs de parti ou les chefs des groupes parlementaires avaient été reçus. Comme nous sommes à la veille de la présidentielle, ce sont les principaux candidats eux-mêmes, qui ont pris le chemin de Matignon. Nous sommes dans le dialogue républicain même si c’était un peu curieux de voir Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Eric Zemmour ou Anne Hidalgo assis côte à côte, face à Jean Castex.

Les sondages donnent Emmanuel Macron en nette hausse

Mais pourquoi est-ce le Premier ministre et pas Emmanuel Macron lui-même, qui a reçu les candidats ? Il y a bien sûr d’abord des contraintes d’agenda pour le chef de l’Etat. Sa journée d’hier se résume à un conseil de défense, la réception de la présidente géorgienne, des rendez-vous téléphoniques avec le russe Vladimir Poutine et l’ukrainien Volodymyr Zelensky, une vidéo-conférence avec plusieurs dirigeants étrangers, une séance de travail avec la présidente de la commission Ursula von der Leyen et le chancelier allemand Olaf Scholz. Rien que ça. Il y a aussi une répartition des rôles que permet la dyarchie à la française de l’exécutif : au président de la République les contacts aux niveaux international et européen et au Premier ministre les échanges au niveau national.

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Mais il n’est pas interdit non plus de faire une lecture plus politique sinon politicienne. Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon sont candidats à la présidence de la République, ils veulent remplacer Emmanuel Macron. Ils prétendent jouer dans la même catégorie que lui. En les faisant recevoir par son Premier ministre, le chef de l’Etat leur répond : non, je ne suis pas dans la même catégorie que vous. D’ailleurs qui a-t-il reçu vendredi pour parler de la guerre en Ukraine ? François Hollande et Nicolas Sarkozy, ses deux prédécesseurs. Il y a ceux qui ont l’expérience de l’Elysée et ceux qui ne l’ont pas. Il y a là comme un message subliminal adressé aux électeurs. Plusieurs sondages sont parus hier. Tous donnent Emmanuel Macron en nette hausse et la plupart de ses concurrents à la baisse. Il faudra voir si c’est un effet « sidération » immédiat ou si, de fait, la guerre en Ukraine est en train de régler la campagne électorale française.

Guillaume Tabard

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