Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon peut-il réellement accéder au 2nd tour ?

Compte Twitter Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon progresse dans les sondages, atteignant son meilleur niveau, à 15% selon le sondage OpinionWay et Kéa Partners, pour Radio Classique et Les Echos. Est-il réellement, comme il le laisse entendre, en bonne position pour se qualifier pour le 2nd tour de la présidentielle ?

Marine Le Pen reste 4 à 7 points devant Jean-Luc Mélenchon

La progression de Jean-Luc Mélenchon est significative. Selon les différents instituts de sondage, il est entre 13 et 15 % des intentions de vote. Cela représente 3 à 5 points de plus qu’il y a 1 mois. Pourtant cette progression risque de ne pas suffire. En effet, pour arriver au second tour, il faut évidemment être parmi les deux premiers. Or, il est entre 4 et 7 points derrière Marine Le Pen et cela est une marge considérable. De son côté la candidate RN progresse également et conserve donc son avance. Autrement dit le phénomène Mélenchon contient une part de réalité, mais aussi des bribes de méthode Coué. Cette hausse est pourtant bien réelle et s’explique de différentes façons. Mélenchon semble d’ailleurs en avoir fait une spécialité. C’est sa troisième campagne présidentielle et comme en 2012, 2017 et 2022, il a commencé la campagne plutôt bas pour grimper lors du sprint final.

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Rappelons qu’en février 2017 après la primaire du PS, il était à 8 % lorsque Benoît Hamon était à 17 %. Deux mois plus tard, Hamon a obtenu 6% et lui 19%. Cette capacité à se magnifier en fin de campagne s’explique d’abord par un incontestable talent personnel. Quoi qu’on pense de ses idées, Jean-Luc Mélenchon est un tribun hors pair. Il a une vraie culture politique et parle avec ses tripes sans éléments de langage. De ce fait, ses meetings attirent du monde comme sur la place de la République à Paris le 20 mars ou à Marseille le 27, même s’il y a eu dans la cité phocéenne moins de fidèles que prévus. Des meetings réussis, ça marque, ça impressionne et ça mobilise. Un autre facteur d’explication, est, ce qu’on appelle le vote utile. En l’occurrence le vote utile à gauche. On a beaucoup entendu que la gauche a abordé cette présidentielle à la fois faible et divisée. Entre la pantalonnade de la primaire populaire, le tour de piste de Christiane Taubira, le fiasco d’Anne Hidalgo et le surplace de Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon domine nettement ses concurrents de gauche. Les électeurs se tournent alors évidemment vers le candidat le mieux placé même si ses chances de victoire sont maigres. Le vote Mélenchon pèse et permet de montrer que la gauche existe encore.

 

Mélenchon est en position pour tenter une reconstruction plus large de la gauche

En cas d’une probable défaite, on se demande alors ce que vise Jean-Luc Mélenchon à la suite de sa campagne. À 70 ans, cette présidentielle sera certainement sa dernière. De plus, il est certain que les Insoumis sans Mélenchon auront du mal à exister. Se pose alors la question de la pérennité de ce qu’il a construit depuis 10 ans. Cherchera t-il alors à pérenniser une gauche radicale, en rupture totale avec la social-démocratie quitte à ce que ce courant révolutionnaire reste durablement minoritaire ? Ou voudra-t-il s’appuyer sur sa suprématie à gauche pour tenter une reconstruction plus large et plus unitaire ? En 2017, il s’y était refusé. La question lui est à nouveau posée aujourd’hui.

Guillaume Tabard

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