Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon est-il le nouveau favori pour affronter Emmanuel Macron au 2nd tour ?

Thomas Padilla/AP/SIPA

Dimanche 20 mars, Jean-Luc Mélenchon a réuni des dizaines de milliers de Français sur la Place de la République à Paris. Cette mobilisation retentissante à 30 jours du premier tour de la présidentielle peut-elle faire de lui le nouveau favori pour affronter Emmanuel Macron au 2nd tour de la présidentielle ?

Jean-Luc Mélenchon loin derrière Marine le Pen dans les sondages

L’objectif de ce rassemblement était de faire une démonstration de force pour galvaniser les siens et convaincre des hésitants, deux conditions nécessaires afin d’accompagner sa hausse dans les sondages. Cet objectif a donc été atteint. Le chiffre de 100 000 personnes annoncé par les Insoumis n’est peut-être pas réaliste mais cela restera comme un des plus gros rassemblements de la campagne. On verra dimanche 27 mars au Trocadéro, si Eric Zemmour arrive à tenir la comparaison. Quant aux sondages, la hausse est réelle, mais trop faible pour parler de véritable dynamique.

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Quand on fait la moyenne de tous les instituts, Jean-Luc Mélenchon est maintenant effectivement troisième mais très légèrement devant Eric Zemmour et Valérie Pécresse, et surtout très clairement derrière Marine Le Pen, qui elle aussi monte sensiblement dans les sondages. De ce fait, parier sur un croisement des courbes dans les 20 jours reste un pari très audacieux. En effet, en 2017, sa percée avait été à la fois plus forte et plus spectaculaire, et si Jean-Luc Mélenchon répète avoir manqué d’un cheveu la qualification au 2nd tour, il avait fini non pas troisième mais quatrième à plus de 600 000 voix de Marine Le Pen.

 

La France insoumise, nouveau vote utile pour l’électeur de gauche ?

Au regard de sa campagne de 2017, quelles seraient alors les conditions favorables lui permettant cette fois de remporter le sprint final ? Premier argument simple et de poids : le vote utile à gauche. On cesse de le répéter depuis des mois, la gauche est à la fois faible et dispersée. Cela n’aide évidemment pas à la mobilisation. Si l’on ajoute la candidature de Yannick Jadot qui ne parvient pas à progresser et celle d’Anne Hidalgo qui ne parvient plus à exister, les électeurs pourraient voir en Jean-Luc Mélenchon l’unique possibilité de faire exister la gauche. Retenons alors que la qualification au 2nd tour n’est pas la plus probable, mais elle n’est pas totalement impossible. C’est un espoir, même faible, qui peut générer ce phénomène de vote utile.

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Par ailleurs ce dimanche, le ton du meeting de Jean-Luc Mélenchon n’allait aucunement dans le sens d’un rassemblement de la gauche. Il n’y a eu hier aucun message d’union, aucune main tendue. Il préfère au contraire ignorer les autres candidats de gauche. Son choix est de ne s’adresser qu’à ses possibles électeurs en se posant seul, face à Emmanuel Macron. Le président sortant a d’ailleurs été ciblé sans nuances et sans mesure dans le discours de Mélenchon, et avec violence par ses militants. De ce moment populaire, on déplorera donc l’image choquante d’une effigie du chef de l’Etat lancée sur un drap et fracassée contre le sol. Jean-Luc Mélenchon n’en est pas l’instigateur mais ce sont bien ses militants qui expriment leur soutien à travers une conception du débat politique pas vraiment républicaine, voire franchement inquiétante. Cela explique alors que si Mélenchon galvanise la gauche, il la cornérise tout autant.

Guillaume Tabard

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