Au lendemain de l’annonce des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle, le philosophe et ex-ministre, Luc Ferry était l’invité d’Esprits Libres ce 11 mars sur Radio Classique. L’ancien ministre de l’Education nationale en a profité pour revenir sur sa déception de devoir, parce qu’il s’oppose au programme économique de Marine Le Pen, à nouveau accorder son vote à Emmanuel Macron. Il insiste également sur la nécessité pour le futur président d’instaurer un gouvernement capable de réunir l’ensemble des partis politiques français.
Luc Ferry : « Cela fait 5 ans que je répète qu’une politique au centre fait monter les extrêmes »
C’est « la mort dans l’âme », que Luc Ferry s’apprête à voter Emmanuel Macron pour le second tour de la présidentielle. Au micro de Guillaume Durand, il n’a pas caché sa déception en utilisant cette formule pour désigner son soutien forcé au chef de l’état sortant. En effet pour le philosophe, c’est « un très mauvais président. Il n’a fait aucune réforme importante, mise à part peut-être la flat tax de 30% sur les revenus du capital. Mais dans l’affaire des gilets jaunes sa gestion a été catastrophique ». Il se résout pourtant à accorder son vote au président sortant car « comme dit l’adage au premier tour on choisit et au 2ème tour on élimine ». Il faut donc, à ses yeux éliminer Marine Le Pen qui présente selon lui un programme économique trop risqué pour la stabilité du pays : « je pense que le programme économique de Le Pen est trop proche de celui de Mélenchon pour être raisonnable. Sur le plan européen, vu que la France a 2 900 milliards d’euros de dettes il ne faut pas s’amuser à jouer avec la BCE ». Il souligne également que son futur vote pour Emmanuel Macron n’a rien d’idéologique car « sur le plan moral, [il] ne pense pas du tout que Marine Le Pen soit fasciste, raciste ou antisémite. Elle a très clairement rompu avec son père sur ces sujets-là ». A l’inverse, Luc Ferry tient pour responsable Emmanuel Macron de la montée de l’extrémisme en France : « il faut noter que les extrêmes sont à plus de 50% ce qui est quand même une catastrophe. Cela fait 5 ans que je répète qu’une politique au centre fait monter les extrêmes. C’est maintenant devenu une réalité. Avec 50% ou 52% d’électorat extrémiste dans la rue, il sera très difficile de faire des réformes utiles au pays ».
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« Il est vital que le gouvernement représente au moins 30 à 40% des Français »
En effet, la principale peur de l’ancien ministre réside dans la capacité du futur président à pouvoir gouverner face à une opposition majoritaire. Il rappelle que si Macron est élu, ce sera grâce aux votes utiles et qu’il ne représente positivement que 25 % de l’électorat français : « il est vital d’essayer de représenter au moins 30 ou 40% des Français, pas seulement 20% ou 25%. Sinon, dès qu’il voudra faire une réforme compliquée le président se retrouve face à un mur. Regardez ce qui s’est passé avec la réforme des retraites, Macron a essayé vainement de la faire adopter pendant 2 ans ». L’importance est donc d’établir un gouvernement dont les membres représenteraient proportionnellement les six partis majoritaires Français : « si Macron annonce la proportionnelle et qu’il propose un vrai gouvernement d’union nationale, pas du débauchage d’anciens ministres de droite ou de gauche, il a une petite chance de réussir à faire quelques réformes. Il ne suffit pas de dire qu’il va « inventer » quelque chose de nouveau, il faut désormais agir et faire un vrai gouvernement qui rassemble ». Il sera donc nécessaire tant pour Marine Le Pen que pour Emmanuel Macron, de renouveler les méthodes gouvernementales sinon la « France risque de devenir ingouvernable ».
Jeremy Merzisen
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