Éric Zemmour a proposé le 21 mars durant sa participation au journal télévisé sur M6, la création d’un ministère de la « Remigration ». Qu’entend-il réellement par ce terme et quel est l’objectif de cette annonce choc ?
1 million d’étrangers dans le viseur d’Éric Zemmour
La nouvelle mesure d’Éric Zemmour secoue. Si choquer est bien son objectif premier, il a tout de même expliqué au journal télévisé les futures hypothétiques fonctions de ce cabinet migratoire. Ce ministère sera chargé de l’expulsion des délinquants clandestins étrangers, des criminels étrangers et des fichés S étrangers. Ces catégories-là, Éric Zemmour n’est pas le seul à vouloir les expulser, mais la création d’un ministère spécifique dédié à cette tâche n’est pas anodine. D’abord, parce que le candidat évalue à 1 million le nombre d’étrangers potentiellement concernés. Ensuite et surtout parce que le mot « Remigration » sonne comme un élément de langage en guise de réponse au grand remplacement, comme la prétention à renverser radicalement le flux migratoire.
Il est alors inévitable que cette proposition provoque la polémique et c’est effectivement ce que recherche Éric Zemmour. En parlant d’un ministère de la Remigration, il mise sur une énième provocation à l’encontre de ses opposants ayant pour but de les scandaliser. Résultat, sur Twitter, certains comptes de gauche traduisent déjà Remigration par déportation. Réveiller ses opposants est aussi le meilleur moyen de réveiller ses partisans qui, s’ils sont toujours très nombreux dans les meetings, se font plus discrets dans les sondages. En effet, il a un besoin urgent de relancer sa campagne car dans les sondages, Zemmour stagne. Ainsi, rien de mieux qu’une polémique pour relancer sa campagne. D’ailleurs cela rappelle étrangement un précédent. En 2007, Nicolas Sarkozy avait évoqué la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale, afin de redonner un élan militant à l’approche du premier tour. En définitif, cette proposition choc avait ébranlé ses opposants et crée un électrochoc chez ses partisans. Zemmour tente alors tout simplement de copier le modèle de Sarkozy.
Marine Le Pen consolide sa deuxième place
Pourtant cette stratégie peut-elle réellement le faire remonter dans les sondages ? Éric Zemmour est à un moment-charnière de sa campagne, soit il arrive à créer le sursaut dans les sondages, soit il dégringole. Effectivement le 21 mars, pour la première fois dans un sondage OpinionWay, il est passé sous la barre des 10 %. Si dans d’autres sondages il reste devant Valérie Pécresse, il est globalement à la baisse. Pendant ce temps Marine Le Pen, sa principale opposante politique qu’il voulait marginaliser, consolide à l’inverse sa deuxième place. Ce ministère de la Remigration puis le meeting au Trocadéro le 27 mars, sont donc pour lui la dernière chance de remonter dans la course et d’échapper à la relégation.
Guillaume Tabard