Présidentielle : Emmanuel Macron préoccupé par la menace d’une abstention record

ISA HARSIN/SIPA

Tous les instituts de sondage sont d’accord pour accorder une large avance à Emmanuel Macron au premier tour et une large victoire au second quel que soit son adversaire. Alors la hantise pour le président sortant s’appelle désormais l’abstention ou la démobilisation.

Présidentielle : Le second tour aura lieu pendant les vacances scolaires

Dès qu’Emmanuel Macron parle de politique intérieure, c’est pour dire qu’une élection n’est jamais gagnée d’avance et pour appeler son camp à l’humilité. Ses adversaires ne l’effraient que très peu, en revanche il a raison de craindre un record d’abstention qui pourrait soit créer une surprise, soit le voir réélu sans la manière ce qui le privera de l’élan nécessaire pour mener les réformes qu’il commence à présenter aux Français. Alors comment battre en brèche l’idée de plus en plus partagée d’une élection jouée d’avance ? En recréant une adversité, en faisant renaître l’idée d’un danger politique. Préparez-vous à beaucoup entendre les macronistes dans les prochains jours et semaines, expliquer qu’une victoire de Marine Le Pen est possible.

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Déjà en fin de semaine dernière, l’un des plus hauts responsables de la campagne rodait ses arguments en privé : « le taux de certitude d’aller voter est 15 points en dessous de ce que prédisaient les sondages au même moment il y a 5 ans ». En effet, selon le sondage Ipsos, par exemple, seulement 67% des personnes interrogées se disent, à 4 semaines du premier tour, absolument certaines de se rendre aux urnes. En 2017 la participation s’était élevée à 77%. Ce macroniste pointe dans la foulée que « le second tour aura lieu pendant les vacances scolaires (de toutes les zones) et que la démocratie est fatiguée ». Et surtout c’est le fameux « barrage » à l’extrême droite qui risque d’être fatigué si tout le monde va à la pêche le 24 avril.

Les équipes d’Emmanuel Macron pourraient brandir la menace d’une victoire de Marine Le Pen

Le haut gradé de l’équipe Macron poursuit : « imaginez un camp de la colère qui se mobilise à fond alors que le camp raisonnable ne mesure pas le danger ». Et voilà, conclut-il en substance, si tout cela se réalise à la fin, c’est l’extrême droite qui gagne. On peut se demander si Emmanuel Macron y croit vraiment ou s’il joue à se faire peur. Les deux options semblent crédibles. On a déjà vu des élections déjouer tous les pronostics : Trump 2016, Brexit, Jospin 2002, etc. Mais imaginer la victoire finale du RN a une autre utilité. C’est le meilleur levier pour mobiliser les électeurs d’Emmanuel Macron. Effrayés, ils se déplaceront. Endormis par une « élection-formalité », ils risquent de rester à la maison. L’avantage d’un film catastrophe, c’est que ça réveille.

David Doukhan 

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