Présidentielle : Emmanuel Macron cible Marine Le Pen, stratégie ou vraie crainte ?

Jacques Witt/SIPA

Emmanuel Macron le 31 mars à Fouras dans le Sud-Ouest de la France a ciblé l’extrême droite et semble enfin consentir à descendre dans l’arène politique. 

A une semaine de l’élection on assiste enfin à une vraie campagne politique

Le paysage politique est en train de changer car à presque une semaine du 1er tour de l’élection présidentielle, tous les candidats ont intérêt à faire bouger les lignes. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron se croyait protégé par sa bonne place dans les sondages. Pourtant à cause de la polémique sur le recours au cabinet Mc Kinsey, il commence à baisser. S’il a un temps refusé les débats, il a désormais besoin de s’expliquer publiquement. Donc il agit en attaquant Eric Zemmour le 28 mars et Marine Le Pen le 31 mars. Marine Le Pen laisse les sondages en sa faveur monter mais doit maintenant mobiliser les catégories populaires dont l’abstention lui serait fatale. Jean-Luc Mélenchon, également porté par des sondages à la hausse, croit ou feint de croire au second tour en priant que cet élan crée un réflexe de vote utile à gauche.

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Valérie Pécresse sait qu’il lui reste une semaine pour faire descendre le président sortant de son piédestal. Elle oppose les revirements et les échecs du bilan d’Emmanuel Macron à sa capacité à gérer le pays. C’était l’enjeu de son programme des « 100 premiers jours » qu’elle a dévoilé le 31 mars. Enfin, Eric Zemmour mise sur l’effet de son meeting au Trocadéro pour ne pas être relégué. Il est donc évident que durant cette dernière semaine chacun joue gros. En somme, le sprint final avant le 1er tour s’apparente peut-être à une première semaine de vraie campagne.

 

« Marine Le Pen peut gagner » selon Edouard Philippe

Il nous faut malgré tout revenir sur la sortie d’Emmanuel Macron à l’égard de Marine Le Pen, lors de son déplacement à Fouras en Charente-Maritime. Cela serait-il symptomatique d’une peur de voir la candidate Rassemblement National l’emporter le 24 avril prochain ? En tout cas, les sondages du premier et du second tour se resserrent. Dans le Parisien du 31 mars, Edouard Philippe indique que « Marine Le Pen peut gagner ».  Est-ce une vraie crainte des soutiens de l’actuel président ou une technique politique afin de mobiliser les électeurs ?

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En effet, le sentiment depuis des semaines que cette élection est jouée d’avance pouvait entraîner la négligence de l’électorat macroniste. On sait alors que la peur est parfaitement mobilisatrice. Cette stratégie afin de remobiliser les siens sert aussi à attirer des électeurs de second tour. Si Macron affronte une Marine Le Pen en très bonne position dans les sondages, le chef de l’Etat sera bien content que les électeurs de Mélenchon et de Pécresse votent pour lui. Or, l’anti-macronisme est très fort autant à droite qu’à gauche. Donc dans ce genre de cas, on ressort le bon vieil épouvantail de l’extrême droite, de la République à sauver. Le problème c’est que la Marine Le Pen de 2022 n’est plus la Marine Le Pen de 2017, laquelle n’était déjà plus la Jean-Marie Le Pen de 2002. Donc, l’argument « attention l’extrême droite est à nos portes », risque de ne plus être aussi pertinent.

Guillaume Tabard

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