La campagne présidentielle prend fin le 22 avril à minuit. La singularité de cet entre-deux tours réside dans les tentatives de métamorphose d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.
La réalité du terrain a orienté Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Au soir du premier tour on se disait : « tout a changé, sauf eux ». Le lundi 11 avril, c’était même l’un des titres du Parisien. En effet 5 ans plus tard on retrouvait le même duel final. Pourtant aujourd’hui on a envie de compléter l’analyse par : « tout a changé, et eux avec ! ». En quelques heures, Emmanuel Macron, qui voit l’agilité comme une vertu cardinale, a fait s’estomper la perspective d’un report de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans. En quelques jours, Marine Le Pen a changé de pied sur l’interdiction du foulard islamique dans l’espace public. Sa mesure phare n’était soudain plus une « priorité » et était renvoyée au « débat parlementaire ». Macron et Le Pen ont lu les résultats du 10 avril. Ils ont vu Mélenchon à 22%.
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Ainsi, ils ont tous les deux jugé utile de bouger pour apparaître moins irritant aux yeux d’un électorat de gauche dont ils espèrent récupérer une partie des voix. Les candidats se sont aussi frottés au terrain ce qui a été parfois rugueux. On peut d’ailleurs penser que le terrain a modelé Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le premier a perçu l’effroi que pouvait générer le « totem » des 65 ans. La seconde s’est rendu compte que toutes les femmes portant le foulard n’étaient pas contraintes par l’idéologie totalitaire de l’islam radical. Alors ils ont réagi en essayant de gommer des traits d’image considérés comme défavorables. Le Pen a tout essayé pour apparaître crédible. Macron a voulu se montrer proche des gens, compétent et moins arrogant.
Avec 15 points d’avance, la dynamique est clairement en faveur d’Emmanuel Macron
Si l’on doit tirer un bilan à deux jours de l’élection, il semblerait que la guerre de mouvement ait bien mieux réussi à Emmanuel Macron qu’à Marine Le Pen. Le baromètre quotidien Ipsos pour le Parisien, a été réalisé le 21 avril plus tardivement que d’habitude afin de prendre en compte l’impact du débat sur l’opinion. Il est alors très net que le président sortant s’échappe. Il est désormais crédité de 57,5% d’intentions de vote et la candidate RN est à 42,5.
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Avec 15 points d’avance, contre 10 au premier tour, la dynamique est clairement en faveur d’Emmanuel Macron. Cela s’explique d’abord par le fait que le barrage républicain ne soit pas mort. S’il n’est plus automatique, ni même un réflexe conditionné, il existe toujours. Ensuite Marine Le Pen paie des erreurs, notamment sa conférence de presse sur les questions de politique étrangères. Elle était en train de plaider pour, qu’une fois la guerre finie, on propose à la Russie de Poutine de devenir un allié. Malheureusement l’opinion publique découvrait, au même moment, les horreurs de Boutcha. Cette erreur inutile pourrait lui coûter cher.
David Doukhan