C’était la première réunion publique pour Emmanuel Macron ce 7 mars, à Poissy. Cette fois, le président est vraiment entré en campagne.
Emmanuel Macron fera peu de déplacements et peu de meetings
Emmanuel Macron est entré en campagne à sa manière avec pour commencer, un avertissement d’intermittence. Car pour être candidat il n’en reste pas moins président dans ce contexte très particulier de l’intervention russe en Ukraine. C’était inévitable, Emmanuel Macron a eu cette formule : « je serai président autant que je le dois et candidat autant que je le peux ». Même si l’argument est recevable et même s’il prétend ne pas vouloir « éluder » la campagne, c’est quand même un bon moyen de s’abriter le plus possible derrière une fonction présidentielle qui explique sa forte progression de ces derniers jours dans les sondages (il atteint 30% d’intentions de vote NDR). Pour cette raison mais aussi parce que son entrée en lice est plus tardive, il fera peu de déplacements et peu de meetings, à la différence de ses concurrents.
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A Poissy hier, cela ressemblait beaucoup au grand débat national au printemps 2019. Un genre qu’il affectionne, qui avait marqué les esprits et qui lui avait réussi. Si j’ose dire : Poissy ressemblait au grand débat comme le Canada Dry ressemble à l’alcool. A l’époque, on était dans le contexte des Gilets jaunes, dans un moment de grande tension et Emmanuel Macron avait été au contact, sans filtre, ce qui témoignait d’un réel courage. Là, on était dans une salle acquise, organisée par un de ses soutiens : le maire de Poissy, Karl Olive, avec des questions qui comme par hasard, lui permettaient de dévoiler ses premières propositions de candidat, comme les 30 minutes quotidiennes de sport à l’école, le triplement de la prime défiscalisée qui porte son nom ou encore la suppression de la redevance audiovisuelle – qu’il faudra bien compenser puisque que contrairement à Eric Zemmour et Marine Le Pen qui prônent aussi la suppression de la redevance – il ne parle pas de privatisation de l’audiovisuel public.
Emmanuel Macron refuse un débat d’avant premier tour
En matière de risque, l’opération Poissy était très bien contrôlée. Mais il n’y aura pas de débat d’avant premier tour avec les autres candidats. Ce refus n’est pas une surprise. Ses lieutenants l’avaient laissé entendre à de nombreuses reprises, mais là c’est Emmanuel Macron qui le dit lui-même. Cela devient donc une décision. Son argument est de dire que jamais un président sortant n’avait fait de débat avant le premier tour.
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Ni Charles de Gaulle, ni Valérie Giscard d’Estaing, ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy ne l’ont fait. C’est vrai, à ce détail près : jamais avant 2017 il y avait eu de débat de premier tour. Donc par son refus, il est faux de dire qu’Emmanuel Macron s’inscrit dans une jurisprudence. En fait, il entend garder dans cette campagne, une forme de privilège présidentiel. Bien sûr débattre c’est valoriser ses concurrents, dont certains ne pèsent guère. Mais refuser de débattre c’est malgré tout éluder en partie la campagne, ce qu’il prétend justement ne pas vouloir faire.
Guillaume Tabard