Finalement, Xavier Bertrand accepte de se soumettre au vote des militants LR pour choisir le candidat de la présidentielle. Pourquoi ce revirement ?
Valérie Pécresse et Michel Barnier n’ont pas voulu s’effacer à son profit
Xavier Bertrand a raté son pari. Il s’agissait de s’imposer comme candidat naturel de la droite en refusant la primaire, en refusant tout vote de départage avec d’autres et en espérant que son avance dans les sondages suffirait à entraîner le retrait de Valérie Pécresse et de Michel Barnier. Cela ne s’est pas passé comme prévu. S’il a obtenu de Christian Jacob qu’il torpille la primaire ouverte, il n’a pas obtenu de Valérie Pécresse et de Michel Barnier qu’ils s’effacent à son profit. Personne ne voulant céder, la droite courait le risque de se retrouver avec deux candidats alors qu’elle est déjà affaiblie, attaquée d’un côté par Emmanuel Macron, avec le renfort d’Edouard Philippe, et de l’autre par Eric Zemmour. Dès lors qu’un vote avait été accepté, Xavier Bertrand se serait vu attribuer la responsabilité de la division. Il l’a compris. Il n’a pas eu d’autre solution que d’opérer un virage à 180°.
A lire aussi
Pour un parti qui prétend revenir au pouvoir, le sens des responsabilités des prétendants est toujours préférable à la fuite en avant. Avec ce changement de pied de Xavier Bertrand, elle tourne le dos à la certitude et de l’échec et du ridicule. Ce sursaut passe quand même par un revirement. Il y a quinze jours encore, l’ancien ministre du Travail n’avait pas de mots assez durs pour brocarder le congrès de LR, « la présidentielle est une élection à deux tours, pas à quatre tours », disait-il dans le Figaro en ajoutant « la primaire a été écartée, ce n’est pas pour en faire une sous une forme déguisée ». C’est pourtant cette primaire sous une forme déguisée qu’il accepte aujourd’hui. Certes, pour faire de la politique il faut s’adapter aux circonstances et accepter de bouger. Mais pourquoi alors avoir eu des mots définitifs ? Comment surtout redorer le blason de la parole politique quand on est capable de défendre avec le même aplomb deux positions aussi opposées ?
Xavier Bertrand, plus haut dans les sondages que Valérie Pécresse et Michel Barnier
On saura le 4 décembre si Xavier Bertrand peut remporter ce vote interne. Les adhérents LR lui feront-ils payer d’avoir claqué si brutalement la porte de leur parti ? Ou préfèreront-ils adouber celui qui, dans les sondages, est le moins loin d’une possible qualification au second tour ? Ce qui est sûr, c’est que Xavier Bertrand, du fait de ses sondages meilleurs que ceux de Pécresse et Barnier, avait plus de chances de gagner la primaire ouverte qu’il a refusée, que de remporter la primaire fermée à laquelle il consent finalement à se soumettre. Va-t-il s’en mordre les doigts ?
A lire aussi
On peut se dire que pour en arriver là, il aurait pu ne pas attendre trois semaines. A droite, beaucoup se réjouiront de ce qui est la première bonne nouvelle pour eux depuis longtemps : elle n’aura bien qu’un seul candidat à la présidentielle.
Guillaume Tabard
Retrouvezl’édito politique
Edouard Philippe : Son parti Horizons le place-t-il en position de force vis-à-vis d’Emmanuel Macron ?
Édouard Philippe va lancer son parti politique : quel rôle veut jouer l’ancien Premier ministre ?
Valérie Pécresse propose un référendum sur l’immigration : veut-elle occuper le terrain d’Eric Zemmour ?
Présidentielle 2022 : Tous les sondages indiquent une percée d’Eric Zemmour