Yannick Jadot propose l’interdiction de la chasse les week-ends et pendant les vacances scolaires. Cette question de la chasse peut-elle être un des thèmes de la campagne présidentielle ?
L’opinion est de plus en plus sensible à la défense de la cause animale
Tant que la chasse est un sujet qui concerne ou qui intéresse beaucoup de monde et qui suscite systématiquement, presque de manière pavlovienne la polémique, elle peut être un thème de campagne. Il faut être pro-chasse ou anti-chasse et les uns sont forcément diabolisés ou montrés du doigt par les autres. Sur la chasse, le débat ressemble à un dialogue de sourds et comme toujours dans un dialogue de sourds, c’est à qui parlera le plus fort. Dans cette pré-campagne, le candidat écologiste Yannick Jadot a tiré le premier en prônant l’interdiction pure et simple de la chasse à courre et l’interdiction de toutes les autres formes de chasse les week-ends et les vacances scolaires, c’est-à-dire aux moments où elle se pratique le plus.
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Le prétexte est de garantir la tranquillité et la sécurité de ceux qui veulent se promener en forêt. En réalité, il y a quasiment une opposition de principe à une tradition dont la raison d’être est de tuer des animaux. Et ça, les écologistes n’aiment pas. L’opinion est de plus en plus sensible à la défense de la cause animale et ce, de manière croissante. Ce qu’on appelle le bien-être animal est devenu quasiment une cause nationale.
Le PS s’est démarqué des propositions de Yannick Jadot
S’il s’agit de dire qu’il ne sert à rien et qu’il est même monstrueux de provoquer de la souffrance animale, cette cause peut être consensuelle. Mais on voit bien qu’il y a aussi la montée d’une idéologie qui parle de droits des animaux comme on parle des droits de l’homme mettant ainsi l’homme et l’animal sur un pied d’égalité. Cette dissolution de l’humanisme est, elle, inquiétante. Il est donc clair que les opposants les plus radicaux à la chasse se placent sur ce terrain. La question de la chasse est plus subtile que certains écologistes l’imaginent. Pour eux, un chasseur est un riche bourgeois parisien qui vient se défouler le dimanche à la campagne. En fait, la chasse représente plus d’un million de pratiquants et est incontestablement une des activités qui transcende le plus les cases sociologiques ou politiques. Cela va de l’aristocratie traditionnelle à des milieux plus populaires. Ce sont quelques urbains, mais ce sont avant tout des ruraux attachés à l’équilibre et à la préservation de leurs territoires.
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A la chasse, l’électeur de droite côtoie le militant communiste comme on l’a vu dans des récentes manifestations. Ce qui fait que à EELV on est très anti-chasse tandis que dans tous les autres partis, il y a une compréhension des chasseurs. D’ailleurs le PS s’est démarqué des propositions de Yannick Jadot dès ce week-end. S’il y en a bien un qui a compris le poids électoral de ce que leurs opposants appellent le « lobby » chasseur, c’est Emmanuel Macron qui a par exemple divisé par deux le coût du permis de chasse et qui est toujours très prudent dans la retranscription des directives européennes.
Guillaume Tabard
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