Présidentielle 2022 : Empêcher LR de reprendre la main, la stratégie des partisans d’Emmanuel Macron

Crédits : présidence du Bénin

La campagne des primaires se poursuit chez Les Républicains, c’était hier soir le troisième des quatre débats télévisés. On constate aussi que des ministres durcissent leurs attaques contre la droite. Quel est leur objectif ?

Face à Le Pen ou Zemmour, Emmanuel Macron aurait de très solides chances de l’emporter

L’objectif est simple : laisser le moins d’espace possible à la droite. Et ce pour une raison elle aussi très simple. D’après les sondages actuels, Emmanuel Macron semble être assuré de se qualifier au second tour. Mais l’autre place en finale est à ce jour très disputée entre Marine Le Pen, Eric Zemmour et le candidat ou la candidate qui sortira vainqueur de la primaire LR (Xavier Bertrand, Michel Barnier, Valérie Pécresse, Eric Ciotti, Philippe Juvin). Or face à Le Pen ou Zemmour, le chef de l’Etat aurait de très solides chances de l’emporter car même la gauche pourrait se mobiliser contre ce que beaucoup présentent comme une menace extrémiste.

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Alors que face à un candidat LR, non seulement l’effet repoussoir serait moins grand, mais surtout c’est le chef de l’Etat qui deviendrait la cible. Il serait sous la menace d’un « Tout sauf Macron » auquel pourraient participer y compris les mélenchonistes d’un côté et les lepénistes de l’autre. Ainsi, si la droite paraît encore très faible aujourd’hui, elle deviendrait un danger pour le chef de l’Etat dès lors que le second tour apparaîtrait à sa portée. Et si une dynamique se produisait, ce serait dans l’élan d’une primaire réussie. La conclusion est facile à comprendre : du point de vue des macronistes, c’est maintenant, d’ici au 4 décembre qu’il faut clouer la droite au sol.

Primaire LR : la campagne interne auprès des seuls adhérents pousseraient les prétendants à durcir leur discours

Quel est leur angle d’attaque pour empêcher la droite de reprendre la main ? Leur objectif est simple. Aviver la coupure entre deux électorats différents. Entre une droite réformatrice et une droite conservatrice. La première privilégierait les questions économiques et sociales et la seconde serait obsédée par les questions identitaires. Je ne dis pas que c’est la réalité, mais c’est le prisme macroniste. Or, constatent les amis du président, la campagne interne auprès des seuls adhérents LR pousseraient les prétendants à durcir, à radicaliser leur discours en se lançant dans une sorte de course avec Eric Zemmour. Et leur pari, c’est que les électeurs les plus radicaux préféreront toujours l’original à la copie ; donc Zemmour.

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Tandis que les plus modérés seront horrifiés par ce durcissement de ton et, du coup, préféreront Emmanuel Macron au candidat LR. C’est par exemple la théorie de Gérald Darmanin. Ça peut marcher comme ça ou c’est de la méthode Coué ? Toute tactique a sa part d’incertitude. Et chacun a toujours tendance à faire entrer la réalité dans la lecture qui l’arrange le plus. Auprès des électeurs de droite, même ceux se sont reconnus dans telle ou telle réforme du quinquennat, Macron sera d’abord renvoyé à son propre bilan. Quant au vainqueur de la primaire il peut aussi bénéficier d’un petit effet qui lui fera atteindre le seuil de crédibilité et, à ce moment-là, lui permettra de fédérer toutes les sensibilités de la droite.

Guillaume Tabard

 

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