Présidentielle 2022 : « C’est l’élection de la radicalité, attention aux surprises » prévient Pierre Giacometti

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Pierre Giacometti, cofondateur du cabinet de stratégie No Com était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, à quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle. Il note qu’une majorité des Français sont prêts pour voter pour un candidat « radical ».

L’abstention devrait atteindre un record à 30%

Cette élection présidentielle de 2022 est sans aucun doute marquée par la radicalité, selon Pierre Giacometti, observant que près de 60% des Français comptent voter pour un candidat qui n’appartient pas aux partis traditionnels. « Aujourd’hui, les 2 partis de gouvernement, traditionnels, historiques, le Parti Socialiste et LR ont des candidats qui, selon les enquêtes d’intentions de vote, sont en dessous de 15%, les deux réunis » observe le cofondateur de No Com. Or ils avaient réuni 57% des voix en 2007, 55% en 2012 et 26% en 2017, élection remportée par Emmanuel Macron. Il constate le phénomène inverse pour la droite radicale et la gauche extrême : « en 2007, tous ces candidats rassemblaient 23% des suffrages au premier tour. 5 ans plus tard, 33%, et il y a 5 ans 49% ». Et aujourd’hui, en faisant la somme des intentions de vote de ces candidats (Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour notamment) « on est à près de 60% des suffrages », pointe Pierre Giacometti, ce qui explique selon lui le côté exceptionnel de cette élection.

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Autre élément marquant, l’abstention qui devrait atteindre un nouveau record, autour de 30%. Tous les instituts de sondage « mesurent cette même apathie électorale », assure l’ancien sondeur, pour qui cela confirme « les abstentions record des scrutins locaux en 2021 ». Et si l’on se penche sur les électeurs qui comptent se rendre aux urnes, on observe une grande fluidité : « je n’ai jamais vu autant de mouvements aussi rapides et aussi spectaculaires pour la plupart des grands candidats » observe Pierre Giacometti. Cela montre, explique-t-il, que l’affiliation politique des Français est devenue de plus en plus faible : « l’allégeance à un parti n’existe plus en réalité que pour très peu d’électeurs ».

 

Présidentielle : 9 millions de Français ne savent pas pour qui ils voteront au 1er tour

C’est la notion de vote utile qui vient progressivement grignoter le terrain : « les Français ont en tête une sorte de vote stratégique qui consiste à aller vers la dynamique gagnante, en faveur du président sortant, ou en faveur du 2e et du 3e ». Une bataille gagnée selon lui par Marine Le Pen, la candidate du RN et Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise. Toutefois l’ordre des candidats à l’arrivée n’est pas figée dans le marbre, et Pierre Giacometti insiste sur « la fluidité et le fait que l’allégeance politique des Français à un parti est extrêmement faible ». Il met en garde sur les choix électoraux des Français une fois dans l’isoloir : « ils peuvent réserver des surprises sur l’ordre d’arrivée ». Selon plusieurs instituts, 9 millions de Français ne savent toujours pas pour qui ils vont voter.

Béatrice Mouedine

 

 

 

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