Philippe de Villiers était l’invité de la matinale de Guillaume Durand ce mardi 20 avril. L’ancien président du conseil général de Vendée est l’auteur d’un livre publié chez Albin Michel, Le jour d’après, signal de l’insurrection (Albin Michel), dans lequel il décrit le naufrage de la France. Auparavant proche d’Emmanuel Macron, tout oppose désormais le fondateur du Puy du Fou au Président de la République. Alors qu’il accuse Emmanuel Macron « d’accepter l’immigration de remplacement » et de vouloir « déconstruire l’Histoire de France », il prône une politique migratoire drastique et fait du roman national la solution pour faire République.
Philippe de Villiers : « La France est peut-être en train de mourir »
Philippe de Villiers, auparavant proche d’Emmanuel Macron, s’affiche désormais comme son adversaire. Il accuse le Président de la République de tenir un double discours qui nuit à la France, et de favoriser l’immigration : « il m’explique en aparté que l’on va se battre contre l’immigration, source de toutes les insécurités, puis finalement il fait le contraire (…) en 2019 c’est 274 000 cartes de séjours qui ont été distribuées, c’est une folie à l’origine de tous les problèmes de sécurité dans les banlieues (…) on ne tient plus nos frontières, on ne tient plus l’Etat ». L’ancien Président du conseil général de Vendée affirme désormais voir les failles d’un Président qu’il a longtemps cru pouvoir influencer vers une restriction de l’immigration : « l’angle mort de Macron c’est le régalien, l’autorité, la liberté de la nation et de l’Etat (…) j’ai pensé longtemps qu’il allait m’écouter ».
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Philippe de Villiers retrace l’histoire de l’immigration en France, source selon lui de tous les problèmes d’insécurité, une immigration qu’il qualifie successivement de travail, de peuplement, puis de remplacement : « Pompidou a résisté à la pression du patronat qui voulait faire venir de la main d’œuvre à bas coût du Maghreb (…) c’est avec Giscard et Chirac que tout a basculé, le regroupement familial a transformé une immigration de travail en immigration de peuplement (…) ensuite on a eu des présidents successifs qui ont ouvert la brèche jusqu’à Emmanuel Macron qui a accepté l’immigration de remplacement ». Le fondateur du Puy du Fou affirme que cette théorie du grand remplacement vient, avant d’être reprise par la droite identitaire, d’un d’un souhait des « élites globalisées » de compenser la chute démographique des pays du nord : « l’expression migration de remplacement a été inventée par l’ONU puis repris par Renaud Camus (…) ce sont les élites globalisées qui sont parties du principe qu’il fallait un apport extérieur pour remplacer la main d’œuvre manquante par une main d’œuvre immigrée (…) mais aujourd’hui on en est au point où on manque de mixité parce qu’il n’y a plus de blanchité, on n’a plus de Gaulois ».
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Comment Philippe de Villiers gèrerait l’immigration s’il était au pouvoir ? Pour lui la réponse est simple, d’abord couper le flux des entrées, puis proposer aux Français un roman national : « Premièrement on arrête le flux car on ne peut plus gérer le nombre, il faut couper les pompes aspirantes (…) ensuite on impose en France le principe du code civil, principe d’assimilation qui nous vient de la IIIème République (…) toute personne qui est en France, qu’il soit Français de naissance ou de branche doit accepter sa mère adoptive (…) l’assimilation, c’est adopter une histoire, un art de vivre, une langue ». Le fondateur du Puy du Fou croit dans le pouvoir d’une histoire française légendaire : « je suis persuadé au risque de paraître naïf qu’il faut proposer notre épopée, notre romance, notre légende et nos héros à ceux qui veulent nous ressembler mais ne nous connaissent pas ».
Philippe de Villiers : « L’enjeu de la présidentielle de 2022 est une politique de civilisation »
Selon lui, la France « a perdu sa souveraineté depuis 1992 et le libre échange généralisé (…) pourtant, la souveraineté, c’est l’agilité, et comme disait Pasqua ce qu’une nation ne fait pas pour elle-même personne ne le fera à sa place (…) Si on veut restaurer le pays et le rétablir dans sa grandeur il faut commencer par être souverain ». Philippe de Villiers croit donc encore dans la puissance des nations, et voit dans le contexte très particulier de la crise sanitaire un allié de circonstance pour étayer ses propos et un révélateur de la nécessité de la souveraineté : « un pays qui ne pense pas à son stock de médicaments est obligé en cas de pandémie d’aller le chercher ailleurs (…) la mondialisation heureuse nous a fait croire qu’il fallait simplement téléphoner à la Chine pour avoir les masques qui nous manquent, ce n’est pas comme ça que ça marche, les nations existent ».
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Philippe de Villiers souhaite à ce jour éviter la question de la présidentielle de 2022, et plus particulièrement celle ciblant l’offre électorale qui représentera les idées souverainistes et identitaires qu’il défend. Pour lui, ces questions ne doivent pas être posés tant que le pays est « masqué » et se bat contre la pandémie. Cependant, Philippe de Villiers fait de cette élection une bataille culturelle et affirme que « l’enjeu de la présidentielle est une politique de civilisation ». Il croit en la victoire de « celui ou celle qui saura le mieux parler de l’immigration en donnant espoir que la France se rétablisse chez elle ». Faisant des questions identitaires et de l’immigration les thèmes majeurs de la présidentielle 2022, Philippe de Villiers estime donc que l’avenir du pays se situe à droite de l’échiquier politique et non à gauche : « la gauche ramasse les miettes (…) c’est fini pour eux, ils ont tué le pays (…) Emmanuel Macron c’est fini aussi, c’est la dernière illusion de cette gauche caviar qui nous a fait croire à la souveraineté européenne, à la start-up nation, à la mondialisation heureuse ».
Rémi Monti