Marion Maréchal a officialisé son soutien à Eric Zemmour. Au moment où le candidat est à la peine dans les sondages, que peut lui apporter ce soutien ?
Eric Zemmour paie dans l’opinion d’avoir longtemps affiché sa bienveillance envers la Russie de Vladimir Poutine
Ce soutien n’est pas une surprise. Il était acquis depuis que Marion Maréchal avait annoncé qu’elle ne voterait pas pour Marine Le Pen. Mais entre la décision et l’annonce, le climat politique a quelque peu changé. Il y a un mois, Eric Zemmour était en passe de doubler la candidate du Rassemblement National. Le ralliement de la nièce de Marine Le Pen était conçu comme le coup de grâce porté à la finaliste de 2017.
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Mais en un mois, il s’est passé deux choses. D’abord Marine Le Pen a résisté malgré les défections et est même repartie à la hausse dans les sondages. Tandis que Eric Zemmour lui, s’est tassé. L’autre événement est bien sûr la guerre en Ukraine. Plus que Marine Le Pen et plus que Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour paie dans l’opinion d’avoir longtemps affiché sa bienveillance envers la Russie de Vladimir Poutine. Cela l’a plombé et dans certains sondages, le candidat est même repassé derrière Valérie Pécresse. Le soutien apporté par Marion Maréchal revêt donc une toute autre dimension. Ce n’est plus le couronnement d’une marche triomphale, c’est une opération devenue nécessaire pour renverser une tendance devenue défavorable à Eric Zemmour.
Marion Maréchal a une popularité élevée au sein de l’électorat du RN et des Républicains
De manière générale il faut toujours être très prudent sur l’impact électoral d’un ralliement, surtout dans une présidentielle. Ce qui provoque la décision ou le refus de voter pour un candidat, c’est sa personnalité, son discours, son charisme et pas la somme des soutiens individuels. La forte progression d’Emmanuel Macron ces derniers jours par exemple, est due à la situation internationale pas aux ralliements de Jean-Pierre Chevènement, Manuel Valls ou Jean-Pierre Raffarin. De même, la hausse de Jean-Luc Mélenchon que l’on mesure, est un effet « vote utile » à gauche, pas la conséquence du soutien de Ségolène Royal. Et c’est vrai plus encore, pour Eric Zemmour. Le phénomène qu’il a su créer doit tout à sa capacité à transgresser, à déranger le paysage et bien peu à l’arrivée de Guillaume Peltier, Jérôme Rivière ou Nicolas Bay.
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Ceci dit, pour Marion Maréchal, c’est un peu différent. Elle appartient au cercle très restreint des personnalités politiques qui comptent et existent par elles-mêmes. Elle a non seulement une notoriété forte mais aussi une popularité élevée au sein de l’électorat RN et de l’électorat LR. Mais est-ce suffisant pour le faire remonter dans les sondages ? Le rôle de Marion Maréchal auprès d’Éric Zemmour est double. Il s’agit bien dans un premier temps, d’essayer de regonfler le score du candidat de Reconquête. Mais d’une certaine manière, l’essentiel se joue après. Leur objectif commun est la recomposition de la droite qui pourrait être provoquée par une réélection d’Emmanuel Macron. Ce qu’ils appellent « l’union des droites », c’est leur projet commun. Et derrière la présidentielle, c’est cela qu’ils visent en priorité.
Guillaume Tabard