Marine Le Pen et Eric Zemmour : Derrière l’ignorance affichée lors des meetings, les messages cachés

C’était la bataille des meetings samedi 4 février entre Eric Zemmour et Marine Le Pen. Le duel annoncé a eu lieu, mais il a eu lieu par le non-dit. Dans leurs discours, Éric Zemmour et Marine Le Pen se sont cherchés mais en feignant de s’ignorer. Ils ne se sont pas cités, ils ne se sont pas interpellés. Mais ils pensaient évidemment l’un à l’autre, d’autant que les sondages se chargent de leur rappeler que le match est incroyablement serré entre eux.

Marine Le Pen a fait des confidences intimes en fin de discours

Eric Zemmour a joué la démonstration de force avec une foule qu’honnêtement aucun autre n’est capable de réunir. Une manière de montrer à sa rivale que la dynamique est de son côté. Et c’est vrai qu’il a tendance à remonter dans les sondages. Marine Le Pen, elle, a joué la carte de l’humanité avec ces confidences intimes en fin de discours. Un moment inattendu et qui, il faut le reconnaître, avait une certaine force. Une manière de dire à son concurrent : tu fais peut être des grands discours sur la France, mais moi je sais mieux que toi toucher les Français.

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Les meetings ont lieu à Lille pour Eric Zemmour, et à Reims pour Marine Le Pen. Lille contre Reims : ce fut leur manière de s’envoyer un message subliminal. Lille, c’est le Nord , les Hauts-de-France, les terres ou les anciennes terres industrielles et ouvrières. Zemmour a voulu parler à l’électorat populaire dont on dit qu’il est l’apanage de la candidate du RN. Reims, c’est le baptême de Clovis, c’est le sacre des rois, c’est le récit national millénaire dont le candidat de Reconquête s’est fait le chantre. Chacun a voulu aller sur le terrain de l’autre, chacun a voulu travailler ce qui est son angle mort.

Marine Le Pen et Eric Zemmour sont à égalité à 14% dans un sondage Ipsos

Dans son discours, Eric Zemmour a présenté des mesures pour le pouvoir d’achat. Est-ce pour rattraper un déficit de crédibilité programmatique ? Éric Zemmour voulait prouver qu’il n’était pas mono thématique. Moyennant quoi, il a passé la moitié de son temps à expliquer que le problème de pouvoir d’achat des Français venait du fait qu’il fallait financer l’assistanat des étrangers. Il y a par ailleurs fustigé les réponses habituelles de ce qu’il appelle les politiciens mais sa proposition phare – la possibilité pour les entreprises de verser une prime sans charge – n’est jamais qu’une extension de la prime Macron. La crédibilité, Marine Le Pen, elle, l’a joué sur le terrain politique, en ciblant spécifiquement et exclusivement Emmanuel Macron comme si elle voulait déjà se mettre dans la posture et la stature d’une finaliste. Mais, et ce sondage Ispos mettant Le Pen et Zemmour a égalité à 14 %, la bataille féroce entre les deux candidats nationalistes risque pour eux de les empêcher l’un et l’autre de se qualifier pour le second tour.

Guillaume Tabard

 

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