Renaud Blanc recevait ce matin sur Radio Classique le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille et auteur du blog « la Constitution décodée ». Il a livré son analyse de la situation de blocage politique que connaît la France, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron et de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale pour la majorité présidentielle.
La France n’est pas ingouvernable, selon Jean-Philippe Derosier
Emmanuel Macron vient de prendre la parole, ce mercredi 22 juin, excluant l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Pour Jean-Philippe Derosier, le chef de l’état reste dans « la verticalité à laquelle il nous a habitués au cours des 5 dernières années ». Pourtant, le constitutionnaliste estime que le président n’aura pas le choix, il faudra qu’il tienne compte du parlement : « le parlement est puissant, il a le pouvoir, confirmant que nous sommes bien un régime parlementaire, puisqu’on le voit mieux que jamais : sans une majorité au parlement, on ne peut pas gouverner ». Justement, la France est-elle ingouvernable, comme plusieurs journaux l’ont écrit ? « Non », répond Jean-Philippe Derosier, « la coalition Ensemble a une majorité à l’Assemblée nationale et pour faire passer des textes, il n’y a pas besoin de majorité absolue, la majorité simple suffit ».
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« Emmanuel Macron aurait pu faire preuve d’un petit peu plus d’humilité, voire de contrition en reconnaissant une revalorisation du parlement »
Pour autant, il lance un avertissement à l’exécutif : « il faut écouter le parlement, être en mesure de discuter avec lui, ne pas lui lancer d’ultimatum, ne pas faire preuve de cette verticalité qui peut effectivement crisper, bloquer, et conduire à une ingouvernabilité ». Le constitutionnaliste explique que la majorité aura sans doute recours au 49.3, même s’il est désormais limité aux textes budgétaires. « Si démocratiquement il a été élu, politiquement, il a été battu le 19 juin (date du 1er tour des législatives NDR) », poursuit Jean-Philippe Derosier. Il estime que le chef de l’état a été en quelque sorte battu car il voulait une majorité, s’est engagé dans la campagne et ne l’a finalement pas obtenue. « Il aurait pu faire preuve d’un petit peu plus d’humilité, voire de contrition en reconnaissant une revalorisation du parlement », conclut le professeur de droit public.
Béatrice Mouedine