Loi pouvoir d’achat : Le soutien RN embarrasse la majorité

Ludovic Marin/AP/SIPA

Pour son projet de loi sur le pouvoir d’achat, la majorité présidentielle semble avoir trouvé en la personne des députés du Rassemblement National un soutien de poids. Cette coalition surprise pourrait embarrasser le camp de la majorité et pousserait Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, à trouver une entente avec le groupe des Républicains, jugé plus fréquentable.

Un éventuel soutien du RN serait embarrassant pour le gouvernement

La discussion du projet de loi sur le pouvoir d’achat se poursuit à l’Assemblée. Etonnement, le groupe Rassemblement National semble se montrer le plus ouvert avec le gouvernement. Il y a eu un moment assez étonnant quand l’Insoumis Adrien Quatennens a dit : « Bruno Le Maire n’est pas dans l’hémicycle mais rassurez-vous son sosie vocal est là en la personne de Jean-Philippe Tanguy », l’un des orateurs du RN sur ce texte. Les Insoumis veulent une fois encore pointer une supposée collusion entre la majorité macroniste et le groupe lepéniste. Pourtant, il est vrai que d’entrée de jeu Marine Le Pen a dit vouloir être constructive et pas dans l’obstruction. Elle-même avait annoncé que son groupe pourrait voter « l’essentiel » des dispositions du texte pouvoir d’achat.

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Il semble y avoir 2 raisons au comportement du RN face à la majorité. La première c’est la suite de l’opération de respectabilisation. Alors que LFI en rajoute dans l’esbroufe, par exemple en déposant un amendement pour rebaptiser la prime Macron en « prime enfumage », les élus du RN continuent de tout faire pour être sérieux et responsables. La seconde raison est de continuer à se poser en parti du pouvoir d’achat, comme Marine Le Pen l’avait fait pendant la campagne présidentielle, et donc d’être le parti le plus crédible auprès des salariés, notamment les plus modestes.

 

Tous les efforts de Bruno Le Maire visent à obtenir le soutien des députés LR

Pourtant, un éventuel soutien du RN serait embarrassant pour le gouvernement. En effet, sur le papier, les voix Ensemble ajoutées aux voix RN suffisent à faire passer la loi. L’exécutif est bien obligé, sur chaque texte, de trouver une majorité. Alors, il ne se plaindra pas d’obtenir ces voix en complément, mais il faut imaginer l’impact symbolique si la majorité ne s’en tirait que grâce au renfort du parti lepéniste. C’est pourquoi tous les efforts de Bruno Le Maire visent à obtenir le soutien des députés LR. Ensemble plus LR, c’est le socle idéal pour la majorité. Alors hier, le ministre de l’Economie a fait des ouvertures en ce sens. Il n’exclut pas de reprendre des suggestions de la droite sur la défiscalisation des heures supplémentaires ou de prévoir un dispositif de rachat des RTT, qui était la grande proposition de Valérie Pécresse. De son côté, le patron des députés LR, Olivier Marleix, prévient qu’il ne s’opposera pas à une taxation des profits des compagnies pétrolières.

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S’il faut encore que ça bouge, et ça continue de bouger, cela pourrait conduire à un véritable accord sur ce texte. La droite faisait d’une baisse du prix de l’essence à 1,5 euros le litre, une condition sine qua non de son vote. Marleix dit maintenant qu’il attend « un geste significatif » en la matière. Ce n’est plus le tout ou rien. Il va y avoir encore des discussions, mais d’une certaine manière, LR est en position de force car au-delà de l’opinion qui attend de tous les partis qu’ils soient constructifs sur le pouvoir d’achat, la majorité a absolument besoin des voix de la droite. On pourrait presque dire : « quoi qu’il en coûte ».

Guillaume Tabard

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