Les Hautes-Pyrénées, une terre d’enfance devenue stratégique pour Emmanuel Macron

HARSIN ISABELLE/SIPA

Cette semaine le président de la République sera présent sur l’étape du Tour de France Lourdes-Hautacam. Ce déplacement dans le département des Hautes-Pyrénées semble être un rituel pour Emmanuel Macron, et un moyen pour lui de casser l’image d’un président déconnecté du monde rural.

Emmanuel Macron a passé une partie de son enfance dans la région des Hautes-Pyrénées

Le jeudi 21 juillet, Emmanuel Macron se rendra dans les Hautes-Pyrénées, un déplacement de plus dans ce département, qui ne doit rien au hasard. Sur le papier, il s’agit pour le chef de l’Etat d’assister à une arrivée du Tour de France. Pourtant, coïncidence, l’an dernier exactement à la même période, Emmanuel Macron avait assisté à l’arrivée du peloton à Luz-Ardiden, également situé dans les Hautes-Pyrénées. Le président va aussi régulièrement skier à La Mongie, une autre station de la région Occitane. Le chef de l’Etat adore ce coin de France. En effet, petit il y passait ses vacances chez sa grand-mère adulée, surnommée « Manette ». Emmanuel Macron a souvent raconté cette histoire familiale. Il s’est épanché sur sa France intime dans la revue Zadig juste avant les élections régionales. Il y énumérait toute une série de lieux auxquels il est attachés en commençant par Amiens, sa ville natale mais en évoquant aussi le Touquet, Marseille, Figeac, Souillac, et Bagnères-de-Bigorre. Dans ce texte, il écrivait au sujet des Français : « Nous sommes une addition de pays qui ont chacun leur rapports telluriques ».

Emmanuel Macron s’attelle à casser son image d’un homme politique déconnecté des régions

En tout cas, ces territoires ont tous donné lieu à des haltes répétées depuis 2017. Comme si Emmanuel Macron tenait à souligner ce lien, de façon assez marquée. Au point qu’on ne peut pas écarter quelques arrière-pensées tactiques. Le but serait évidemment de tordre le cou au procès que lui font souvent ses adversaires d’être un homme politique déconnecté, qui ne connaît pas la France. On notera tout de même que ce récit sur les racines ne semble pas se révéler payant. Il a un peu infusé dans l’opinion publique après les gilets jaunes. En somme, les anti-Macron primaires le dépeignent moins qu’avant comme le banquier sans glaise sous les semelles.

 

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Mais si l’on se rapporte aux résultats de la présidentielle, le résultat de ce storytelling territorial n’est guère probant. Emmanuel Macron a triomphé dans les villes moyennes, dans les banlieues chics mais également en Bretagne et dans le Sud-Ouest, alors que l’essentiel des zones rurales et des petites villes sont tombées dans l’escarcelle de Marine le Pen. Dans les outre-mer, les voix se sont partagées entre Jean-Luc Mélenchon et le RN. Tout cela raconte surtout des France qui se tournent le dos. Cela est sans doute moins la raison d’une incarnation de l’offre politique mais s’explique davantage par le fait que le pays se disloque sur le plan du rapport à la santé, aux services publics et à la mondialisation. Il faut donc comprendre que si les cartes postales aident, elles ne font pas une élection.

Marcelo Wesfreid

 

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