Législatives : « On s’attend à une abstention record », avertit Bruno Jeanbart

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Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, à deux jours du premier tour des législatives. Il estime que l’Affaire Damien Abad et la polémique du Stade de France peuvent contribuer à la forte abstention redoutée lors de ces élections.

L’entre-deux-tours pourrait se résumer à un duel entre la majorité présidentielle et la Nupes

28% d’intentions de vote pour la majorité présidentielle, 25% pour la Nupes, 18% pour le Rassemblement National et 11% pour Les Républicains et les centristes, ce sont les derniers résultats du sondage OpinionWay et Kéa Partners pour Radio Classique et Les Echos. Même si Renaissance est en tête, Bruno Jeanbart parle d’une « dynamique très molle » du côté de la majorité présidentielle, malgré une remobilisation depuis les récentes prises de parole d’Emmanuel Macron, qui s’est rendu plusieurs fois sur le terrain. La campagne a surtout été marquée par un duel entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, constate le vice-président d’OpinionWay, ajoutant qu’il est « probable que l’entre-deux-tours se résume à ça ».

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Toutefois rien n’est gravé dans le marbre, et Bruno Jeanbart souligne ce paradoxe : « si à l’issue de l’élection, il manquait quelques sièges à Emmanuel Macron pour avoir la majorité absolue, tout d’un coup, le poids des Républicains pourrait être démultiplié et leur rôle, bien plus important qu’il y a 5 ans ». Le seul phénomène prévisible dans cette élection est la part de l’abstention : « on s’attend probablement à un record », souligne le politologue, pointant « un désintérêt total depuis le début pour la campagne [des législatives], qui s’est accentué au fur et à mesure ». Dans quel camp seront les abstentionnistes ? On sait en tous cas que les jeunes, traditionnellement, votent moins, or ils sont au cœur de l’électorat de La France Insoumise et du Rassemblement national, précise Bruno Jeanbart : « ça va être une élection difficile pour le RN et ce sera un sujet pour La France Insoumise ».

 

« Il y a très peu de risques pour Elisabeth Borne dans le Calvados »

15 ministres sont en campagne dans ces législatives, et certains semblent déjà en difficulté, alors qu’une règle tacite prévoit la démission des membres du gouvernement lorsqu’ils sont battus. « Amélie de Montchalin est dans une circonscription vraiment très difficile », analyse Bruno Jeanbart. La ministre de la Transition écologique se présente dans la 6e circonscription de l’Essonne, qu’elle avait conquise en 2017, avant d’entrer au gouvernement en 2019. A l’inverse, note le politologue, « il y a très peu de risques pour la Première ministre Elisabeth Borne dans le Calvados ». Il cite aussi le duel entre Clément Beaune, ministre délégué chargé de l’Europe et la candidate de la Nupes Caroline Mecary, à Paris : « Clément Beaune est très proche du président, il peut s’en sortir parce que Paris est – même si elle a beaucoup voté pour Jean-Luc Mélenchon – une terre très macroniste ». La campagne des législatives a aussi été marquée par des affaires et des polémiques, des accusations de viol visant le ministre des Solidarités Damien Abad au fiasco du Stade de France. Autant de péripéties « qui contribuent à cette très forte abstention, à ce sentiment de ras-le-bol d’un certain nombre d’électeurs ».

Béatrice Mouedine

Retrouvez l’invité de la matinale