Les 11 circonscriptions des Français de l’étranger ont déjà affiché leurs résultats du premier tour des élections législatives. Ils ne peuvent pas vraiment être utilisés afin d’exprimer une tendance significative pour l’ensemble des territoires mais permettent tout de même de constater des différences notables avec les élections de 2017.
LREM est en tête dans 8 circonscriptions sur 11
Les résultats du premier tour dans les 11 circonscriptions des Français de l’étranger sont tombés. On ne peut pas dire que cela donne réellement une première indication sur l’ensemble des législatives. En effet, les Français expatriés ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la population. Ils sont très macronistes. 86 % avaient voté pour le président au second tour de la présidentielle. Ils votent également très peu, 20 % de participation seulement. On ne peut donc pas extrapoler les résultats sur l’ensemble de la France. Pourtant, on peut comparer les résultats de 2022 à ceux de 2017.
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L’une des deux leçons, est que LREM résiste bien. Avant les élections, la majorité disposait de 10 circonscriptions. Elle est en tête dans 8 d’entre elles et devrait en conserver la quasi-totalité. Elle pourrait même gagner sur l’UDI celle du bassin méditerranéen qui comprend notamment Israël et l’Italie. En revanche, il y a la personnalité emblématique de Manuel Valls qui a été battu en Espagne/Portugal et la circonscription du Maghreb qui pourrait basculer de LREM à la Nupes. En effet, la deuxième leçon de ce premier tour chez les Français de l’étranger est qu’on observe une percée de la gauche unie derrière Jean-Luc Mélenchon. La Nupes sera au second tour dans 10 des 11 circonscriptions. Cela est d’autant plus spectaculaire que l’électorat expatrié n’était a priori guère mélenchoniste.
Manuel Valls a été rejeté violemment par une gauche qui lui reproche d’avoir soutenu Emmanuel Macron
Le plus spectaculaire est donc la défaite dès le premier tour de Manuel Valls. Ce revers est évidemment plus personnel que politique. LREM avait investi l’ancien Premier ministre mais celui-ci devait affronter le député sortant, Stéphane Vojetta, élu en 2017 sous l’étiquette LREM. Finalement, Vojetta a surclassé Valls. C’est une humiliation pour celui qui après avoir été Premier ministre n’arrive plus à jouer les premiers rôles. Il a été battu à la primaire du PS par Benoît Hamon. Il est parti en Espagne en jurant tourner la page de la France pour être battu à Barcelone. Puis il a tenté un retour en France sans qu’Emmanuel Macron ne songe à le faire revenir au gouvernement. Finalement, il avait été investi dans cette circonscription comprenant majoritairement les Français établis en Espagne mais ce retour par la voie parlementaire lui est à nouveau refusé.
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Plus que prévisible, cet échec est explicable. Manuel Valls a été rejeté violemment par une gauche qui lui reproche d’avoir soutenu Emmanuel Macron et d’avoir incarné par le passé un discours d’ordre. Il paie ses allers-retours et une certaine fébrilité dans sa volonté d’exister médiatiquement ou politiquement. Pourtant, il y a aussi une part d’injustice car quoi qu’on pense de son positionnement, il a une stature qui dépasse largement celle de très nombreux élus toutes sensibilités confondues. Il est aussi celui qui a combattu, pas toujours avec finesse mais non sans courage, pour réconcilier la gauche avec le monde de l’entreprise et pour rompre avec un certain angélisme en matière de sécurité ou d’immigration. Il a été aussi un des premiers à gauche à dénoncer la menace de l’islamisme et la dérive d’une partie de ce camp en direction de ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. Entre une gauche radicalisée et une majorité parfois aseptisée, la voix d’un Manuel Valls n’aurait pas forcément été inutile dans la future Assemblée nationale.
Guillaume Tabard