Jérôme Sainte-Marie, politologue, sondeur, président de la société d’études et de conseil PollingVox était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique. Il assure qu’Emmanuel Macron a renforcé sa légitimité au cours de cette élection présidentielle, et qu’on se dirige vers une continuation des deux premières années du quinquennat précédent.
Emmanuel Macron a accru son score de premier tour de 4 points en 5 ans
Le politologue Jérôme Sainte-Marie voit dans cette nouvelle élection présidentielle la suite d’un phénomène amorcé en 2017, celui d’un réalignement électoral. Il explique que si les Français avaient l’habitude de voter pour une formation politique en tant que groupe social (les instituteurs votant socialiste, et les pharmaciens pour la droite libérale, par exemple), les choses ont désormais changé. « Ce système a volé en éclats durant le quinquennat de François Hollande », poursuit le sondeur, ajoutant que « l’offre macroniste, qui pouvait apparaître à certains comme un accident de l’histoire, a confirmé sa présence ». Il rappelle qu’Emmanuel Macron a accru son score de premier tour de 4 points en 5 ans, et qu’une partie des Français (les cadres, certains retraités, les hauts fonctionnaires) ont trouvé avec ce président leur véritable identité politique. « En 2022, la position d’Emmanuel Macron est beaucoup plus forte », assure Jérôme Sainte-Marie. Concernant le cap que prendra le président réélu, il assure que celui-ci est « très précis ». Il juge que l’on se dirige vers une sorte de fédéralisme, et d’une adaptation « assez rapide » du modèle social français. Ce second quinquennat sera selon lui « une continuation des deux premières années du quinquennat précédent ».
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A moins d’un mois des législatives, Jérôme Sainte-Marie salue le succès de Jean-Luc Mélenchon, parvenu à rassembler la gauche
Alors que la rumeur dit qu’Emmanuel Macron a choisi un Premier ministre de gauche – une femme – , dont le nom devrait être dévoilé sous peu, Jérôme Sainte-Marie estime que c’est tout à fait crédible. « Mais si vous venez de la gauche, c’est compliqué de faire la réforme des retraites ! » l’interpelle Renaud Blanc. « Pas du tout », répond le politologue, qui pointe que « s’il y a quelque chose que nous a appris ce quinquennat, c’est l’incroyable souplesse des gens de gauche », citant la dureté de la « répression » pendant la crise des Gilets jaunes de la Garde des Sceaux de l’époque Nicole Belloubet et du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. A moins d’un mois des législatives, le sondeur salue le succès de Jean-Luc Mélenchon, parvenu à rassembler la gauche : « d’un point de vue purement technique, c’est brillant. Qui y aurait cru il y a un an ? Les gens étaient très pessimistes, y compris au sein de la France. Son image était terriblement dégradée et il était peu vraisemblable que ce mouvement réussisse à siphonner de cette manière les électorats socialistes et écologistes ».
Béatrice Mouedine