La majorité présidentielle a investi quelques 450 candidats pour les législatives. Les profils retenus en disent long sur l’objectif politique d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron a gardé ceux qui avaient travaillé et voté tous les textes comme de bons soldats disciplinés
Emmanuel Macron recherche une majorité stable, fidèle et loyale, c’est pour ça qu’il y a cet accord tripartite entre Renaissance, Modem et Horizons. Quand on regarde le détail des investitures, l’objectif de stabilité et de loyauté saute aux yeux, avec d’abord une forte prime aux députés sortants LREM et Modem. Ils représentent environ les trois quarts des investis. En gros, le président a gardé ceux qui avaient travaillé et voté tous les textes comme de bons soldats disciplinés. Regardons ensuite les nouveaux venus, qui n’étaient donc pas candidats en 2017. Là encore on est sur des profils qu’on peut très difficilement soupçonner d’une éventuelle déloyauté vis-à-vis de Macron. Il y a par exemple des ministres comme Gérald Darmanin et Jean-Michel Blanquer. Il y a des maires comme celui de Poissy Karl Olive ou de Mons-en-Baroeul Rudy Elegeest, étiqueté divers gauche, mais qui avait appelé à voter Macron en mars.
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C’est la même analyse pour toute une série de conseillers ou salariés du mouvement présidentiel qui se voient propulser candidats aux législatives. On retrouve Marc Ferracci actuel conseiller du Premier ministre mais surtout intime de Macron dont il fut le témoin de mariage, Paul Midy actuel directeur général de Renaissance, les anciens conseillers élyséens Jérôme Peyrat et David Amiel, ou encore le conseiller spécial de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur Mathieu Lefebvre.
Malgré leur volonté d’un rapprochement LR/Renaissance, Guillaume Larrivé et Philippe Juvin auront un adversaire macroniste face à eux
Il y a donc des fidèles et finalement peu d’ouverture ou de tentatives de déstabilisation de la droite. Si j’ose dire, il n’y a plus grand-chose à fracturer. Plusieurs élus LR espéraient sinon une investiture, au moins de ne pas avoir de candidat macroniste face à eux. Guillaume Larrivé et Philippe Juvin avaient levé la main publiquement plaidant contre la ligne de leur parti pour un rapprochement politique entre LR et la macronie. Ils en sont pour leurs frais, ils auront un adversaire macroniste en juin. Emmanuel Macron a en revanche investi Robin Reda, pécressiste de l’Essonne, qui se verra donc opposer un candidat LR. Donc là encore que voit-on ? Macron privilégie la clarté. On est avec ou contre lui. Le message à ce stade c’est : on ne peut pas rester chez LR et prétendre soutenir la majorité. Il ne veut pas des alliés mais des affidés. Cela n’empêche pas Damien Abad actuel président du groupe LR à l’assemblée et quelques rares autres comme les députés Julien Dive, Constance Le Grip ou Eric Diard, de continuer d’espérer le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire garder l’investiture LR mais sans avoir d’adversaire macroniste en face. Comme une centaine d’autres circonscriptions, ces cas-là ne sont pas encore tranchés et devraient l’être d’ici demain.
David Doukhan