Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique était l’invité de Renaud Blanc, ce mardi 14 juin. Il juge que Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’une audience positive dans les médias français, en particulier au sein du service public.
Dominique Reynié pointe une désertion civique des électeurs
C’est le premier constat de ce premier tour des législatives : l’abstention massive. Elle s’est élevée à 52,49%, et devient désormais une forme de contestation, explique le politologue Dominique Reynié : « elle vient compléter la panoplie des outils protestataires que les Français mobilisent à chaque scrutin, que ce soit le vote anti-système pour des partis comme LFI et le RN, ou le fait de ne plus se déplacer aux urnes, comme on l’a vu dimanche ». Il pointe « une sorte de désertion civique, [les électeurs] tournent le dos à la politique ». Cet effondrement de l’intérêt civique est particulièrement marqué chez les moins de 35 ans, « on sort d’une France participative, et cela va affecter toute notre matrice d’analyse de la vie démocratique française », pointe Dominique Reynié. Autre phénomène notable lors de ce premier tour des législatives, c’est le déplacement du débat. Le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, par définition exceptionnel avec l’apparition de la crise du Covid, n’a pas pu être correctement débattu, selon le directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.
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« Lorsque Jean-Luc Mélenchon dit quelque chose, l’écho est très fort »
Selon lui, une partie des électeurs qui ont voté à la présidentielle principalement contre les candidatures anti-système, veulent maintenant soutenir des formations qui s’opposent au président. Dominique Reynié se dit d’ailleurs frappé, en tant qu’observateur, de voir que « Jean-Luc Mélenchon et la Nupes bénéficient d’une résonance médiatique positive ». Un phénomène « fâcheux » selon lui, d’amplification positive « volontaire de l’appareil médiatique, surtout dans les médias du service public ». Il résume son idée ainsi : « lorsque Jean-Luc Mélenchon dit quelque chose, l’écho est très fort ». Or, il partage l’analyse de François Miquet-Marty, l’invité de Renaud Blanc, ce lundi 13 juin : plutôt qu’une renaissance de la gauche, on assiste plutôt à une stabilité des voix par rapport à 2017.
Béatrice Mouedine