Ces derniers jours, les figures de gauche ont cherché à bousculer les jeunes pour les inciter à voter, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau ou Adrien Quatennens. Est-ce une bonne ou une mauvaise stratégie ?
Adrien Quatennens : « 5 minutes de votre temps dimanche, ça vaut le coup ! »
C’est ce qu’on appelle tenir un discours culpabilisateur. Hier, Jean-Luc Mélenchon s’est emporté contre ces jeunes qui « viennent pleurer dans mon bureau sur Parcoursup, alors que je me mouille à fond. Mais au moment de l’élection, couic, il n’y a plus personne ». Il en rajouté une couche sur le plateau de Quotidien, émission chère à cette classe d’âge : « c’est nul de ne pas aller voter », s’est emporté Mélenchon, « Qu’est-ce que vous voulez ? Le retour des réacs ? Abandonner le monde à ceux qui ont du fric ? ».
?? « Bouge toi mon pote »
L'appel de Jean-Luc #Mélenchon aux jeunes qui se sont abstenus lors du premier tour des élections #Législatives2022. pic.twitter.com/K0Kc1KDWVR
— Élections 2022 ? | #JeVote (@2022Elections) June 15, 2022
Prenons maintenant l’écologiste Sandrine Rousseau. Sur Twitter, elle a lancé cette mise en garde : « Dites, les 18-25 ans, soyons honnêtes, c’est un peu pour vous qu’on fait de la politique, là, alors on compte sur vous ». Adrien Quatennens, aussi, a passé un savon à cette catégorie de votants. Je le cite à son tour : « Allô les jeunes ? 5 minutes de votre temps dimanche, cela vaut le coup non ? ». Et je pourrais multiplier les exemples…
Faut-il faire la leçon à des citoyens dépolitisés ?
Pourquoi cet appel insistant ? Parce que les jeunes sont séduits par la Nupes. Les 18-24 ans ont choisi à plus de 40% le bulletin de l’alliance de gauche, selon l’institut Ipsos. C’est donc un vivier. Seulement voilà, ils sont aussi 70% à s’abstenir. Donc, se disent les leaders de la gauche, si ces jeunes ont un sursaut de participation dimanche, cela permettra à un paquet de candidats LFI, PS, verts ou communistes de décrocher leur billet pour l’Assemblée nationale. Ce raisonnement paraît frappé au coin du bon sens mais l’histoire récente montre en fait que c’est plus compliqué que cela. Souvenez-vous des régionales de 2021. Dans l’entre-deux-tours, Marine le Pen avait sonné les cloches de ses électeurs qui étaient restés à la maison. Le registre était super culpabilisateur. Pour quel résultat ? Aucun. La dynamique ne s’était pas renversée. Et le RN n’avait gagné aucune région. Comme quoi, les mots d’ordre c’est une chose. Faire la leçon à des citoyens, de plus en plus dépolitisés, en est une autre.
Marcelo Wesfreid