Législatives : 52,49 % d’abstention, un problème de génération ?

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Parmi les 52,49 % d’abstentionnistes au premier tour des législatives, il y aurait une grande majorité de jeunes. A l’inverse, les Français âgés de 60 et 69 ans votent à 90%. Cette différence générationnelle souligne le désenchantement d’une jeunesse française et a des conséquences significatives sur notre vie politique.

Le vote des seniors est presque une obligation morale

Le taux atteint par l’abstention le 12 juin pour le premier tour des législatives est de 52,49 %, et c’est un record. De nombreux facteurs expliquent cette abstention, notamment l’âge. Plus on est jeune, moins on vote. 4 jeunes sur 10 entre 18 et 25 ans se sont abstenus au premier tour de la présidentielle, contre 1 personne sur 10 chez les 60-69 ans. Cela a des conséquences sur notre vie politique. En allant interroger des seniors parisiens devant les bureaux de vote, on remarque que pour eux le vote est presque une obligation morale. A la sortie de cette école primaire du 13ème arrondissement, Bénédicte, 89 ans, vient tout juste de voter en robe bleue assortie à ses yeux. Il était hors de question pour cette ancienne bibliothécaire de s’abstenir : « je n’ai jamais raté une élection. C’est un devoir civique extrêmement important pour la démocratie. J’en parle beaucoup avec mon petit-fils afin de le convaincre de participer »

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« Il y a une forme de décalage entre une partie de la population jeune et le fonctionnement normal des institutions »

Un peu plus loin, Jacques 85 ans a lui aussi fait du droit de vote un principe. Sa canne à la main, il comprend le désenchantement de la jeunesse :« cette campagne a été complètement silencieuse. Cela ne m’étonne pas que les jeunes ne votent pas. Pour voter, il faut avoir un espoir et des motivations, je ne suis pas sûr que les Français aient envie de quelque chose ». Les seniors sont traditionnellement plus conservateurs, la situation profite donc à la droite et à LREM. Pour Luc Rouban, politologue au Cevipof, c’est un cercle vicieux : « le malaise et la crise démocratique s’auto-alimente en permanence du fort taux de l’abstention. Cela alimente la critique à l’égard de la démocratie représentative, et entraîne des manifestations et un désintérêt. Il y a au bout du compte une forme de décalage entre une partie de la population jeune et le fonctionnement normal des institutions ». Parmi les pistes pour limiter l’abstention, la mise en place de nouveaux moyens de voter ou l’inscription automatique sur les listes électorales après un déménagement sont à l’étude.

Augustin Lefebvre 

Ecoutez le reportage d’Augustin Lefebvre dans le journal de 7h30 (2’00) : 

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