La Revue de Presse du jour – 12/07/2018

La revue de presse… Beaucoup de fierté… (en bleu)… Mais aussi la honte !

Fierté d’être en finale et d’avoir retrouvé une équipe nationale qui inspire l’amour et le respect (comme le note Le Figaro)… Bravo aux joueurs et à Didier Deschamps qui a réussi à provoquer « un retour d’affection » après les blessures provoquées par la génération des footballeurs détestables de l’époque Raymond Domenach…
Fierté ! Joie ! Bonheur ! On en reparlera…
Mais d’abord honte… Honte au contrôle aérien français, tellement dépassé qu’il menace la sécurité des vols. Les Echos révèlent que le 26 juin dernier, une panne a fait disparaitre une grande partie des plans de vols en cours !

On imagine la panique des contrôleurs devant leurs écrans…

Grosse frayeur. Il leur a fallu dans l’urgence ressaisir manuellement toutes les données… Cette faille majeure aurait pu se terminer par une collision en vol…
Il est aussi arrivé récemment qu’un avion disparaisse carrément des écrans du centre de contrôle de Brest…
Les contrôleurs ont été épinglés récemment pour leur penchant pour la grève, il ne s’agit plus de cela, mais de l’obsolescence de leurs outils technologiques qui les amène à utiliser encore des petits bouts de papier. Des « strips » dans leur langage…

Les « strips » ont disparu partout ailleurs, mais pas en France ?!

Numéro de vol, type d’avion, destination, altitude prévue : tout est encore écrit sur des bandelettes de papier… La modernisation est attendue depuis 20 ans… La direction générale de l’aviation civile nous promet un système à la pointe dans 4 ou 5 ans (le coût initial a déjà été multiplié par 4 à plus de 5 milliards d’euros)
D’ici là, il va falloir faire avec retards (40 %) et annulations de vol…

Bon, on a dit que nous parlions de la fierté française…

On passera donc rapidement sur Le Point qui se demande si la France se remet à broyer du noir ? La France qui serait en train de redevenir la France éternelle, ronchonne, qui se complaît dans les passions tristes… Franz-Olivier Giesbert dénonce la grève à la SNCF, le syndicalisme destructeur d’entreprise (Air France), la guerre civile froide permanente (le boycott par certains députés du discours présidentiel à Versailles…)
On passe rapidement car une nouvelle séquence s’est ouverte !

La fierté ! La communion ! L’union nationale… derrière les Bleus !

Le bonheur collectif !
Certes momentané, fugitif… Certes une parenthèse ! Voire même un placebo sur nos humeurs ! Mais Le Figaro comme Le Midi Libre et toute la presse invitent à se laisser transporter dans cette bulle !
C’est bon pour le moral, souligne La Voix du Nord.
Les commentateurs ne sont pas fatigués mais… vaccinés : le parallèle est établi très prudemment avec 1998 !
Attention aux emballements trompeurs… « La France black blanc beur, chantée alors à tue-tête, était une construction de l’esprit », rappelle Yves Thréard…

L’expression revient-elle aujourd’hui ?

Pas vraiment, et il faut y voir un grand progrès…
Dans La Dépêche du Midi, Jean-Claude Souléry trouve « heureux que la diversité des joueurs ne nous étonne plus »…
Dans Libération, qui titre « Le système Dédé » (comment Didier Deschamps a créé un collectif discipliné, agressif), Laurent Joffrin voit des joueurs « simplement français » : « On vibre d’un élan unitaire dans les bistrots prolos comme dans les bars bobos pour les héros du jour. Umtiti, né à Yaoundé, enfant de la banlieue lyonnaise, ou Mbappé, aux origines camerounaises et algériennes, grandi à Bondy… Mais on n’y pense guère, comme dans un rêve… Comme si le sentiment que le creuset français, républicain, égalitaire, restait vivant dans l’inconscient national »…
L’Equipe titre sur Les revenants (les croates), mais se réjouit d’une France en liesse (comme La Provence : C’est si bon ! comme Paris-Match)… L’Equipe évoque les chants à la gloire de certains joueurs… Les supporters fêtent ainsi Samuel Umtiti… Benjamin Pavard ou encore N’Golo Kanté…
MUSIQUE

On espère que tout se terminera par ces chansons, et d’autres dimanche soir…
Et pour Emmanuel Macron ?
Il joue la discrétion lui, observe Le Parisien…
Supporter un peu en retrait…
La popularité de Jacques Chirac avait été gonflée en 1998, mais c’était une exception, il n’y a pas d’effet Mondial, assure Frédéric Dabi de l’Ifop dans Le Figaro.
Pas d’effet mondial non plus qui permettrait de faire passer en douce certaines réformes difficiles… Comme la fait Poutine en Russie…
Mais un exploit à relever : Gérald Darmanin a présenté hier son plan d’économies pour Bercy. On avait évoqué la suppression de 20.000 postes de fonctionnaires. Mais le ministre a présenté « un plan de transformation et d’économies »… sans donner un seul chiffre !
Trop fort. Lui aussi est en finale.

Michel Grossiord