La Revue de Presse du jour – 09/07/2018

La revue de presse… Emmanuel Macron aura une heure pour convaincre devant le Congrès…

« Peuple de France, prends patience » : ce n’est pas le message que le Chef de l’Etat devrait délivrer… Enfin, on n’en sait rien… Le secret entoure toujours ses grandes prises de parole… Pas d’indice dans le portrait de sa « plume », réalisé par Les Echos…
Sylvain Fort, le mélomane qui met en musique « la pensée complexe » (après avoir écrit des ouvrages sur Puccini, Karajan…)
Déjà 250 discours présidentiels à son actif en 14 mois… Des plus techniques aux plus symboliques… Il fait des envieux (des jaloux) à l’Elysée en raison de sa proximité avec Emmanuel Macron…

Pas d’indice donc sur ce que va dire Emmanuel Macron, mais une formule qui revient…

« Ce ne sera pas un catalogue La Redoute », selon le porte-parole de L’Elysée Bruno Roger-Petit. Formule qu’on retrouve dans plusieurs journaux, comme cette autre : « Emmanuel Macron (selon un proche) va raccrocher les branches au tronc »…
Tout s’éclaire…
Les branches, le tronc… « L’idée consiste (toujours selon ce proche) à rappeler d’où on vient, où nous en sommes et où nous allons »…
Comprendre : il ne devrait pas y avoir d’avalanches d’annonces…

Une seule certitude : le deuxième discours devant le Congrès arrive à un moment difficile…

Le Chef de l’Etat veut retrouver un second souffle, résume Le Figaro… quand Libération évoque un état de disgrâce… (disgrâce qui est qualifiée de relative quand on tourne la première page)
Mais le décrochage dans l’opinion est sévère…
Le Figaro mentionne des événements extérieurs (guerre commerciale déclenchée par Trump, poussé populiste qui fait vaciller l’Europe, crise migratoire…)
Libération insiste au contraire sur les couacs imputables au pouvoir : Borloo enterré, Borloo humilié ; l’indécent « pognon de dingue » de l’Elysée, le plan pauvreté repoussé, l’enterrement de l’embarrassant rapport d’experts (baptisé Cap 22) censé proposer des économies d’envergure (« Les experts étaient entrés par la grande porte à Matignon, ils se voient finalement évacués par l’issue de service »)
« Sans fleurs ni couronnes » ? Pas vraiment…

En fait, ce rapport (commandé par le premier ministre il y a 8 mois) est bel et bien une source d’inspiration pour le gouvernement !

Un plan choc pour Bercy, annoncent Les Echos. Près de 20.000 suppressions de postes seraient envisagées dans les 5 ans qui viennent… Restructuration massive dans le fisc, « une traduction importante du rapport Cap 22 qui n’est toujours pas publié », observe le journal économique…
Evidemment, on se pose une question… comme contribuable !
Moins d’agents (grâce à l’informatisation, au prélèvement à la source…), c’est aussi… moins de contrôles fiscaux ?
Non, non… Etienne Lefebvre précise dans l’édito des Echos que les contrôles seront au contraire de mieux en mieux ciblés grâce aux techniques dites de « data mining ». Mais il y aura moins d’agents affectés aux contrôles basiques (je comprends pour les petits étourdis ou les petits fraudeurs…)
Je vous parlais du « peuple de France » et de l’appel à la patience… Les résultats arriveront, répètent les macronistes… A ce sujet, Le Figaro et Libération constatent que le monde nouveau a un point commun avec le monde ancien : l’opinion reste versatile, impatiente…

Une belle envolée sur ce thème dans Le Figaro…

« Le gouvernement des hommes est âpre, ingrat, parfois injuste et toujours intranquille », souligne Vincent Trémolet de Villers.
L’édito de Libé fait écho à celui du Figaro : « L’opinion est versatile et souvent injuste, rappelle Laurent Joffrin. Elle reproche souvent tout et son contraire au Chef de l’Etat, sa présence et son absence, sa prolixité et son mutisme. Qu’il est difficile de gouverner en démocratie »…
Relevons ce matin un rappel à l’ordre à Emmanuel Macon venant de cercles qu’on n’imaginait pas forcément…
Alain Minc, l’un de ses soutiens, met en garde (dans Libé) contre le danger des inégalités trop fortes, qui pourraient conduire à une insurrection…
Les économistes libéraux, réunis ce week-end à Aix en Provence lors de leurs Rencontres, ont pointé le flou du calendrier des réformes sociales…
L’ancien chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, juge dans Le Monde que « les élites ne se sont pas assez préoccupés de la montée des inégalités ».
Il estime que les effets collatéraux du capitalisme n’ont pas été corrigés par la redistribution (d’actions par exemple) ou l’aide à la reconversion pour les salariés… Il faut travailler en amont, sur l’éducation, sur la formation professionnelle…

On va conclure avec le maniement de quelques concepts…

Attention : ils peuvent (ou doivent) provoquer une réaction… épidermique ! Il s’agit de peau, de la couleur de la peau…
A la page Débats de Libération (c’est une habitude), reportage plein de compréhension à la première journée d’études consacrée vendredi à « la condition blanche » en France, sous l’égide de l’Ecole des hautes études en sciences sociales…
Rencontre « scientifique », en fait militante d’une dizaine de chercheurs (et chercheuses, est-il précisé)…
Les débats ont notamment porté sur le mot à utiliser : condition blanche ? blanchité ? blancheur ? blanchitude ? Non, pas blanchitude, qui suggère un parallèle avec négritude, mouvement littéraire et artistique valorisant les aspects positifs de l’identité noire, a fait observer une organisatrice du colloque…
Va pour blanchité…
Beaucoup de questions ont été abordées : celle-ci : « En quoi le privilège d’être blanc permet-il d’échapper au fait d’être blanc ? »
Vive la réflexion, vive les études, mais oui, une réaction épidermique du lecteur face à cet article qui manie les concepts et cultive les clivages pour légitimer ce qu’on appelle le néoracisme.
Vive le modèle universaliste, où (imaginez) la couleur de peau n’aurait aucune importance…

Michel Grossiord