Dans Le Figaro ce 4 février, Marine Le Pen accuse Eric Zemmour d’être rejoint par « quelques nazis ». Les mots sont violents. La guerre est-elle déclarée entre les deux candidats ?
Marine Le Pen reprend envers Eric Zemmour, les accusations dont elle-même et le RN ont souffert pendant des années
La charge est très violente en effet. Interrogée dans Le Figaro sur sa définition du « zémmourisme », Marine Le Pen répond : « c’est un communautarisme », ce n’est déjà pas un compliment. « Je retrouve chez Eric Zemmour toute une série de chapelles qui, dans l’histoire du Front National, sont venues puis reparties remplies de personnages sulfureux ». Et elle précise : « il y a les catholiques traditionnalistes, les païens, et quelques nazis ». Admirez l’amalgame.
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Le message est simple : il est le diable. Ce qui est drôle si l’on peut dire, c’est qu’elle reprend envers Eric Zemmour les accusations dont elle-même et le FN puis le RN ont souffert pendant des années et des années. A l’époque elle pestait contre les procès d’intentions et s’agaçait que l’on braque les projecteurs sur une infime minorité de ses partisans. Et bien, elle recycle pourtant l’attaque. D’une certaine manière, elle fait de la diabolisation du candidat de Reconquête, le dernier acte de sa propre dédiabolisation.
Eric Zemmour a déclenché l’opération ralliement avec l’annonce de Marion Maréchal
Si elle réagit si fort, est-ce parce que la candidate du RN se sent menacée par Eric Zemmour ? Dans ce duel électoral Le Pen-Zemmour, on entre dans une troisième manche. La première manche ce fut l’entrée en campagne de l’essayiste et sa percée fulgurante dans les sondages. La candidate du RN a chuté de près de dix points d’un coup et par ricochet, s’est vue doublée par Valérie Pécresse au moment où celle-ci engrangeait l’effet de sa victoire à la primaire LR. Eric Zemmour a remporté la première manche. Ensuite, lui s’est tassé et elle a évité le toboggan. Sa résistance à la fois électorale, politique et personnelle a été remarquée. Son expérience et son sang-froid l’ont sauvée. Elle a sensiblement remonté, retrouvant dans les sondages la deuxième place derrière Emmanuel Macron, de peu devant Valérie Pécresse, mais la deuxième place quand même.
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Marine Le Pen a remporté la deuxième manche. Et c’est alors qu’Eric Zemmour a déclenché l’opération ralliement avec l’annonce de Marion Maréchal qu’elle ne soutiendrait pas sa tante. Cela lui a fait mal. Ça ne s’est pas tant senti que cela dans les sondages. Mais l’effet symbolique et psychologique est fort. L’essayiste a gagné la troisième manche. Ce week-end est en tous cas un week-end décisif avec la bataille des meetings, à Lille pour Zemmour et à Reims pour Le Pen. On sait déjà que la bataille du nombre sera remportée par le premier. On va suivre la bataille du discours et des idées entre celui qui veut se poser en artisan de l’union des droites et celle qui cherche à peaufiner sa crédibilité. Mais à entendre les attaques, les coups bas de chaque côté, on comprend que parce qu’ils se disputent en grande partie un électorat commun, c’est une bataille à mort qui est déclarée.
Guillaume Tabard