Hubert Védrine« Affaires étrangères : les programmes de Mélenchon et Le Pen sont totalement absurdes »

Ce matin à 8h15 sur Radio Classique

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères

Invité de Guillaume Durand

« Affaires étrangères : les programmes de Mélenchon et Le Pen sont totalement absurdes »

« Intervention américaine en Syrie : paradoxalement, peut-être que Trump a corrigé l’erreur qu’avait fait Obama »

Extraits :

A propos de la polémique sur l’affaire du Vel’d’Hiv

« François Mitterrand n’a jamais contesté le rôle du gouvernement de Vichy. De Gaulle non plus. Le seul débat entre ça et l’interprétation de Chirac c’est de savoir si la France c’est Vichy. »

A propos de l’intervention de Trump en Syrie

« Trump n’est pas perturbant pour tout le monde puisque quelques pays ou quelques groupes misent sur lui. Dans l’ensemble, il reste perturbant. »
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« Les Chinois réaffirment leur position et attendent de savoir comment ça va tourner. »
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« Trump lui-même l’avait dit et le confirme, il est imprévisible. Sur la question de la non-intervention, il donne l’impression d’avoir rompu avec l’idéologie qui remontait au président Wilson. »
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« Sur l’OTAN, il a tenu des propos brutaux et a jugé à un moment donné qu’il s’agissait d’une organisation obsolète. Mais, en même temps, il a réagi très vivement dans l’affaire de Syrie alors même qu’il donnait l’impression que cette affaire n’était pas importante pour les Etats-Unis. »
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« Il est impossible qu’il n’est pas été mis au courant des frappes en Syrie. »
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« Je ne crois pas qu’il veuille contester le rôle que la Russie s’est construit du fait du fiasco des politiques occidentales en Syrie et dans la région ces dernières années. Il n’est pas exclu qu’il y ait eu un moment de vérité, d’impulsivité dans la réaction de Trump face aux photos des enfants gazés. Dans l’imprévisibilité, c’est quelqu’un qui peut négocier et faire des deals mais qui peut aussi bombarder. Il ne faut donc pas l’enfermer de façon rétroactive dans une sorte de construction rationnelle qui sans doute n’existe pas. »
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« L’ensemble des décideurs dans le monde se disent qu’il est capable de frapper. »
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« Il n’est pas exclu que les frappes américaines en Syrie conduisent les Etats-Unis et la Russie à retravailler ensemble. Cela peut avoir de bons effets si ce n’est pas suivi d’une escalade désordonnée. »
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« Les occidentaux espéraient pouvoir renverser Bachar mais Obama s’est arrêté en cours de route. Mais, même dans cette position, Obama avait dit « ligne rouge » et a donc eu tort de ne pas réagir à l’usage de l’arme chimique. Donc, paradoxalement, peut-être que Trump a corrigé l’erreur qu’avait fait Obama sur ce point. »
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« Cette intervention peut remettre les Etats-Unis dans la realpolitik mais cela ne veut pas dire que cette question est devenue prioritaire pour Trump, l’affaire de la Chine passe bien avant. »

A propos de l’Europe

« Ceux qui disent : « on va renégocier les traités » savent sans doute que cela n’a aucune chance d’aboutir puisqu’il n’y a aucune demande du côté des autres partenaires européens. Ce sont donc des positions de campagne. Il n’y a aucune possibilité réelle dans l’Europe d’aujourd’hui pour renégocier les traités.»
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« Il est évident qu’il faut corriger un certain nombre de vices de fonctionnement du système européen. Le débat en Europe n’a pas tellement de rapport en réalité avec ce qu’il se dit dans la campagne. »
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« Je ne crois pas qu’on puisse transposer mécaniquement en France la situation qui a abouti à l’élection de Trump aux Etats-Unis ou le brexit en Grande Bretagne. Cela n’a pas de rapport avec ce qu’il se passe dans les autres pays. »
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« Deux grandes directions pour l’Europe : arriver dans le système euro à mieux équilibrer l’assainissement des finances publiques et le maintien de la croissance. Il s’agit d’une synthèse de politiques économiques qui n’a pas eu lieu pour diverses raisons. Il faut absolument qu’il y ait une politique économique intelligente et éventuellement contra-cyclique dans la zone euro. Mais je ne crois pas à la réponse purement économique. L’autre aspect est ce dont Juncker a parlé en disant : nous avons eu tort de réglementer à outrance. Il parle de réglementation intrusive et cela renvoie à un vieux débat, celui relatif à la subsidiarité, de faire au niveau européen uniquement ce qui est nécessaire. Nous devons combiner les deux afin de récupérer ceux qui sont devenus allergiques à l’Europe. »

A propos des programmes de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen

« Nous avons affaire à deux programmes totalement absurdes. Il s’agit de positions exagérées pour faire plaisir à des électorats qui se sentent à l’abandon ou exaspérés par différentes choses et qui ne lisent d’ailleurs aucun programme…»

Elections Classiques 2017
Hubert Védrine a choisi Schubert