Ce matin à 8h15 sur Radio Classique
François de Rugy – député écologiste de Loire-Atlantique
Invité de Guillaume Durand
« Si Nathalie Kosciusko-Morizet s’était positionnée par rapport au projet de fond, elle se sentirait plus proche d’Emmanuel Macron que de François Fillon »
Extraits :
A propos du débat qui aura lieu ce soir sur BFMTV entre les 11 candidats
«Ce qui est nouveau c’est qu’il y a un débat avec tous les candidats avant le premier tour. Depuis 1965 que l’élection au suffrage universel existe il n’y avait jamais eu de débat avant le premier tour, il y avait toujours le débat d’entre deux tours. Je pense que cela reste le débat décisif parce que cela est vraiment un débat face à face, là les candidats ne seront pas face à face, ils seront côte à côte, la frustration en réalité sera pour tout le monde, sans doute pour les journalistes qui vont animer ce débat et qui vont devoir répéter onze fois la même question à chaque candidat, pour les candidats bien sûr et aussi pour le public.
(…) On a vu le débat à cinq candidats le 20 mars sur TF1, c’était intéressant mais honnêtement je ne pense pas que cela ait fait beaucoup avancer le débat au sens de la clarification des projets des candidats, parce que parler d’un projet quand à chaque fois on vous demande de répondre en une minute, une minute trente, c’est un peu difficile. Il faut reconnaitre que cela fait partie normalement d’une campagne électorale que d’avoir des débats (…) mais plutôt par trois quatre ou cinq, ça c’est quelque chose pour l’avenir auquel il faudra réfléchir. Je suis assez sceptique sur le côté éclairant d’un débat à onze.»
A propos de la place des médias dans la vie politique
« Heureusement ce n’est quand même pas les médias qui changent la nature du régime politique dans lequel nous vivons. Mais ce qui est sûr c’est que les deux chaines de télévision qui organisent ce débat ce soir, qui sont des chaînes d’information, survalorisent, n’arrêtent pas de dire que c’est le débat décisif, mais ce n’est pas le débat décisif et ça je crois que les Français le savent très bien. (…) »
A propos d’Emmanuel Macron qui risque d’être la cible pendant le débat
« Il y a plusieurs candidats pour qui la cible principale voire unique est Emmanuel Macron. Ils préfèrent passer leur temps à dire du mal d’Emmanuel Macron, parfois de son projet plutôt que de parler de leur propre projet. (…) François Fillon est inquiet de voir un certain nombre d’électeurs de droite être séduits par Marine Le Pen. Entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon il y a maintenant une espèce de course à l’échalote. (…). Il y a déjà eu d’autres campagnes électorales où il y a eu beaucoup de dénigrement des candidats. La vérité c’est qu’il y a encore beaucoup de Français qui hésitent alors, jusqu’au bout avec Emmanuel Macron nous faisons campagne sur son projet. De ce point de vue-là, le débat de ce soir n’est que la partie immergée de l’iceberg d’une campagne qui est beaucoup plus profonde.»
A propos des accusations de traitrise proférées par Benoît Hamon à l’encontre de François De Rugy
«Il faudrait peut-être changer de disque et se poser la question de pourquoi à gauche il y a une forme d’éclatement, notamment du PS. Moi je n’ai jamais été membre du PS (…)et c’est vrai qu’on assiste aujourd’hui (…) depuis longtemps à une recomposition de la vie politique française. Cela veut dire que les deux partis politiques traditionnels, Parti Socialiste et Les Républicains (…) n’expriment plus les clivages principaux d’aujourd’hui. (…) Nous nous avons des parcours différents avant d’avoir rejoint En Marche ! et de soutenir Emmanuel Macron, c’est évident, puisque c’est une force politique nouvelle, mais nous avons un projet commun. Et ce qui manque au sein du PS comme des Républicains c’est qu’ils n’ont plus de projets communs. »
A propos d’un éventuel rapprochement de Nathalie Kosciusko-Morizet à En Marche !
«Il y a une liste qui a été publiée dans le Journal du Dimanche il y a deux jours. Vous voyez bien qu’il y a un rassemblement. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, (…) si elle soutient François Fillon c’est soit par discipline de parti (…) soit par intérêt électoral pour les élections législatives. Mais honnêtement si elle s’était positionnée par rapport au projet de fond, je pense qu’elle se sentirait plus proche – mais je ne veux pas m’exprimer à sa place- d’Emmanuel Macron que de François Fillon. ».
A propos des sondages Filtéris
« Y a des gens qui aiment bien dire « on ne nous dit rien, on nous cache tout, on nous ment » et François Fillon alimente cette idée du complot. Ils disent « les sondages nous mentent et il y a un vote caché ». C’est un peu l’idée que les sondages ne mesurent pas bien [les intentions de vote]. Alors on a trouvé quelque chose, avec les nouvelles technologies, avec le Big Data, et là on a la vérité… Mais non ! On a simplement le fait que le candidat dont on parle le plus, c’est François Fillon et vous savez pourquoi. »
A propos de François Fillon
«François Fillon est dans un discours complotiste ahurissant et c’est une forme de radicalisation de la droite qui ne ressemble pas à un certain nombre de la droite modérée ni à un certain nombre de dirigeants de la droite française comme Alain Juppé, qui ne sont pas dans cette logique, et qui la dénonçaient au début du mois de mars.»
A propos de la crise en Guyane
«La Guyane, on devrait en parler sur le fond en regardant quels sont les problèmes mais aussi ses atouts. C’est typiquement un sujet sur lequel soit on dit «c’était mieux avant » comme on l’entend parfois dans cette campagne présidentielle (…) On voit bien que ce n’est pas ça qui va sortir la Guyane de cette situation. Ou alors on regarde les problèmes en face, notamment l’augmentation très forte de la population, les retards accumulés en matière d’investissement, d’infrastructures, y compris des établissements scolaires et les réponses concrètes qu’on peut y apporter. Mais [nous devons] surtout valoriser les atouts de ce territoire très importants du point de vue économique et écologique. Si on répond uniquement en déversant des centaines de millions voire des milliards sur un territoire – ce sont souvent des promesses et moins des réalités – ce n’est pas ce qui lui permet de se développer.
A l’occasion des « Elections Classiques » organisées par Radio Classique
« Pour adoucir les mœurs, je choisis le Prélude de la Suite pour Violoncelle de Jean-Sébastien Bach. »