Ce matin à 8h15 sur Radio Classique
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l’Union douanière au sein de la commission Juncker
Invité de Guillaume Durand
« Il faut, face à Mélenchon, une autre gauche : socialiste, réformiste et européenne »
Extraits :
A propos de Macron et des réformes
« Le temps qui est venu maintenant est celui de la mise en sens et de la substance. Il y a une attente des Français par rapport à ce nouveau président qu’ils ne connaissaient pas, il y a aussi une forme de confiance. »
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« Le sentiment général, c’est : il faut maintenant que les choses se fassent, qu’on voie quel est le cap, comment transformer le pays, vers où on va et que les arbitrages soient rendus. Et que tout cela soit mis en cohérence et expliqué aux Français»
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« La France est un pays réformable, mais il faut lui montrer le sens. Les Français sont capables de réformes, ils en ont fait des formidables.»
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« Il y a eu un changement de communication et il est bienvenu. Parce que les Français ont besoin de savoir là où le premier responsable de l’Etat entend les conduire, comment il compte le faire. »
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« Ce président a été élu sur la base d’un engagement européen. Il faut montrer comment le destin de la France est étroitement lié à celui de l’Europe, comment une France qui se réforme, qui réduit ses déficits est plus forte pour obtenir, notamment de l’Allemagne, qu’elle investisse pour le bien commun et la croissance. »
A propos de la rentrée politique et sociale
« Il fut un temps où on était devant une sorte d’admiration magique, tout avait changé, une nouvelle ère de la politique s’était ouverte.
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« Ne tombons pas aujourd’hui dans l’excès inverse : considérer que c’est déjà fini. Non, ce n’est pas fini, ce quinquennat commence, la rentrée d’aujourd’hui est décisive. C’est maintenant que va se décider la politique économique et sociale de Macron. Alors, le président doit-il garder son cap malgré une impopularité qui commence ? La réponse est clairement oui. »
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« Ce qui compte maintenant, c’est le binôme communication – action : une action qui doit être indiquée, un cap qui doit être tracé. »
A propos de François Hollande, du PS et de la gauche
« La parole d’un ancien président, c’est une parole subtile, qui doit être utile à son pays, utile à son successeur et qui doit être utile aussi à sa famille politique. Elle doit être pesée et soupesée ; François Hollande aura à cœur que sa parole soit une parole qui éclaire et pas une parole qui gêne. »
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« Il y a le besoin de retrouver une formation de gauche, vraiment de gauche, mais qui ne soit pas [comme la France Insoumise] une formation anti-européenne, qui soit écologiste, réformiste et constructive pour le pays. »
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« Les Français de gauche ne sont pas massivement derrière Mélenchon : il y en a qui ont fait confiance à Emmanuel Macron, [d’autres] à Jean-Luc Mélenchon, et je crois qu’ils ont toujours besoin d’avoir une formation social-démocrate réformiste européenne. »
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« La réponse de Mélenchon est avant tout nationaliste, mouvementiste, elle est aussi très virulente et n’est pas positive. La gauche, ce n’est pas ça : la gauche c’est la capacité de transformer le pays par des réformes dans le cadre de la construction européenne. »
A propos du « droit d’inventaire » sur le quinquennat Hollande
« Ce droit d’inventaire a eu lieu : ça s’appelle l’alternance, il y a eu un changement. Ce ne sont pas les socialistes qui ont gagné les élections : ils ont été défaits de manière cruelle. »
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« Si inventaire il y a, il doit être fait par nous, nous les socialistes. »
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« [Les socialistes] doivent réfléchir à ce qu’ils ont été et, sur la base de ce patrimoine, construire une nouvelle formation qui doit être vraiment de gauche. »
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« Il faut, face à Mélenchon, une autre gauche : socialiste, réformiste et européenne. »
A propos de la directive sur les Travailleurs Détachés
« Un compromis doit être trouvé entre la liberté de circulation -qui est un droit- et la lutte contre le dumping social qui est une aspiration fondamentale des peuples, donc Emmanuel Macron a raison de porter ce combat. »
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« La Commission européenne a [émis] une proposition dont le principe est très simple : à travail égal, salaire égal. »
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« Ce compromis n’est pas loin, il est à portée de main et [Emmanuel Macron] a raison de taper du poing sur la table pour demander que certains pays respectent la démocratie et l’Etat de droit. »
A propos de la succession de Jean-Claude Junker (président de la Commission européenne depuis novembre 2014)
« Je crois faire partie de ceux qui ont l’expérience européenne […] et une sensibilité social-démocrate peut être entendue. »
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« Pour l’instant, je ne pense pas à ça, mais je ne m’interdis rien pour l’avenir »