Eric Zemmour réussit sa mobilisation au Trocadéro

Crédits : Augustin Lefebvre

Plusieurs dizaines de milliers de supporters ont assisté au meeting d’Eric Zemmour au Trocadéro. Le candidat de Reconquête a atteint son objectif avec une mobilisation spectaculaire et nécessaire pour lui.

« Macron assassin » a été entendu dans la foule, Eric Zemmour n’a pas réagi

Cette mobilisation était spectaculaire parce que, quel que soit le chiffre exact, ce fut le meeting le plus important de cette campagne. Plus que Jean-Luc Mélenchon la semaine dernière à la République. Plus a priori qu’Emmanuel Macron qui a réservé une salle de 40 000 places. Avec ce ciel radieux et ces drapeaux français, les images étaient objectivement superbes, rappelant Nicolas Sarkozy au même endroit en 2012. Zemmour a des soutiens motivés et cette motivation compte pour mobiliser les électeurs. C’est une réussite nécessaire car ce meeting intervient alors que la campagne du candidat de Reconquête patine. Il était entré dans l’univers politique de manière fracassante. Il fut l’événement de la pré-campagne. Mais ça fait un mois qu’il s’érode jusqu’à ne plus tourner qu’autour des 10 % dans les sondages.

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Le Trocadéro, c’était l’opération de la dernière chance pour recoller au peloton. Les meetings sont ce qu’il a le mieux réussi durant sa campagne et il a franchi un palier de plus. C’était nécessaire pour remonter, ça semble insuffisant pour gagner. Des « Macron assassin » ont été scandés par la foule sans que le candidat réagisse. Il s’agissait de réactions à la critique de la politique du chef de l’Etat face au terrorisme. Zemmour aurait dû les interrompre. La preuve qu’il en est conscient, c’est que son équipe a très vite affirmé qu’il n’avait pas entendu ces propos et qu’il les condamnait.

 

Le duel Zemmour-Pécresse sera l’un des matchs de cette toute fin de campagne

Il a condamné les propos après coup et ses adversaires, c’est normal, ne se sont pas privés de dénoncer une tonalité qui leur permet de dire que Zemmour est d’extrême-droite ou pas républicain. Le revoilà renvoyé dans une case dans laquelle il refuse depuis le début d’être enfermé. Procès justifié ou procès d’intention ? La politique ce sont des symboles ; il y en a qui l’arrangent : la foule nombreuse, jeune, joyeuse et déterminée. Il y en a qui le dérangent : cette même foule scandant un slogan déplacé. Sur le fond, à qui s’adressait le discours d’Eric Zemmour ? Plus que jamais il s’est adressé à la droite, la droite conservatrice. Celle qui avait vibré sur cette même place pour Sarkozy en 2012, celle qui, toujours sur cette même place, n’avait pas lâché Fillon en 2017.

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Depuis le début, Zemmour prétend prendre autant à Valérie Pécresse qu’à Marine Le Pen. Mais tout au long de sa campagne, il a bien dû constater que la candidate avait remonté puis pris le large ; et pour une raison simple : le candidat de Reconquête n’a jamais réussi à mordre sur son socle sociologique plus populaire. Donc ces efforts, il les porte vers la droite forte, la droite la plus anti-Macron et qui, en dépit de son discours de campagne finalement assez musclé, trouve Pécresse trop centriste. Comme elle est faible, il la juge friable. Mais le problème, c’est que lui aussi est faible. Le duel Zemmour-Pécresse sera l’un des matchs de cette toute fin de campagne.

Guillaume Tabard

 

 

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