Le 20h d’Éric Zemmour s’est mal passé. Le candidat d’extrême-droite a reproché à Gilles Bouleau d’avoir mené une interview de procureur. Traitant même la vedette de TF1 de « connard ». Mais Éric Zemmour met en scène cette confrontation.
Lorsqu’il est blessé, Éric Zemmour perd ses nerfs et a recours à l’insulte
C’est ultra-classique, Jean-Luc Mélenchon a par exemple usé et abusé de la ficelle. Faire siffler les journalistes dans les meetings du RN ou de l’UMP puis de LR est aussi monnaie courante. Même Anne Hidalgo, très énervée ce jour-là, a récemment qualifié de « débiles » les questions qui lui étaient posées sur RTL. La manœuvre (Trump n’a rien inventé), permet de mobiliser son camp, de galvaniser ses militants en donnant à peu de frais le sentiment que le « système médiatique » essaie d’entraver un candidat pour de supposées raisons politiques ou idéologiques. C’est efficace et cela ne coûte pas cher. Encore faut-il réussir le geste technique. Éric Zemmour fait sans doute plaisir à ses admirateurs les plus convaincus en se victimisant. Mais les gestes obscènes et les insultes donnent le sentiment qu’il manque de sang-froid. Donc en résumé c’est une stratégie classique, une réalisation brouillonne et la brutalité n’est pas synonyme de radicalité et encore moins d’autorité.
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Les Français découvrent qu’Eric Zemmour est susceptible
Zemmour connaît pourtant par cœur le système politico médiatique alors pourquoi une telle fébrilité ? Parce que commenter est une chose, nous sommes nombreux à en être capables. Mais concourir en tant qu’acteur de premier plan dans l’élection suprême, c’est une autre histoire. Une présidentielle c’est un IRM tous les matins : vous passez au laser. En quelques mois seulement les Français sont au courant de tout, ils vous connaissent dans vos moindres détails et vous ne pouvez pas leur cacher grand-chose, vos traits de caractère apparaissent au grand jour. Concernant Zemmour, les Français sont en train d’en découvrir un : il est susceptible. Chahuté pendant deux jours à Marseille par des militants, il balance un doigt d’honneur. Bousculé par Gilles Bouleau il lâche un « connard » en remontant à sa loge. Une tendance est en train d’apparaître au grand jour. Lorsqu’il est blessé, le candidat perd ses nerfs et a recours à l’insulte. Gestuelle ou verbale, cela dépend sans doute du degré d’énervement.
David Doukhan