Eric Zemmour et ses « votes cachés » : de quoi parle-t-on ?

Teun Voeten/Sipa USA/SIPA

Les sondages de ces deux dernières semaines donnent en moyenne Eric Zemmour est à 14% d’intentions de vote. Mais dans la classe politique, ils sont nombreux à penser qu’il finira plus haut.

Eric Zemmour : Des électeurs ne disent pas qu’ils opteront pour lui, mais ils en ont secrètement l’intention

Eric Zemmour bénéficie de votes cachés, c’est le sentiment de vieux routiers de la politique, des professionnels qui n’appartiennent pas au même camp mais partagent la même intuition. Le candidat de Reconquête serait sous-évalué dans certains sondages en ce mois de février. François Bayrou, le leader centriste, en a fait part à plusieurs de ses proches : il « sent » un « vote caché » en faveur du polémiste, en particulier au sein de l’électorat de droite. Des électeurs qui ne disent pas qu’ils opteront pour lui, mais qui en ont secrètement l’intention.

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« Depuis 20 ans, l’électorat de droite s’est durci de manière continue et s’est rapproché de celui de l’extrême droite », explique l’un de ses lieutenants du MoDem, « c’est pourquoi Zemmour va monter. Il peut faire +2, +4, +5 et ces points il les prendra sur Pécresse ». Un stratège macroniste va plus loin : « LR a passé sa primaire à parler de grand remplacement, Pécresse a donné le sentiment de valider l’existence du phénomène lors de son meeting au Zénith » Et il conclut sous forme de question : « pourquoi à votre avis ? ».

 Si Emmanuel Macron devait être réélu, alors, la droite se recomposera radicalement

Parce que les électorats sont poreux évidemment. Valérie Pécresse dit que le grand remplacement ne doit pas être une fatalité mais elle ne dit pas qu’il n’existe pas, elle ne le qualifie pas d’affabulation complotiste comme le font la gauche et une partie des macronistes. Pourquoi ? Parce que toute une part de son électorat, et même de l’électorat tout court, pense au contraire qu’il existe bel et bien et s’en inquiète. Un cadre du RN, qui n’en est pas à sa première campagne, et que j’ai interrogé nous apporte un éclairage : il explique que parmi ceux qui sont toujours chez LR certains pourraient passer chez Zemmour mais pas chez Le Pen parce que Le Pen reste une Le Pen.

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Alors que Zemmour est nouveau. En fait l’ancien polémiste perturbe le jeu, il bouscule l’ordre établi à droite, et ce qui se joue aujourd’hui, c’est l’après présidentielle. Si Emmanuel Macron devait être réélu, alors, la droite se recomposera radicalement. Les plus modérés rejoindront le président (cela a déjà commencé), les tenants d’une ligne plus dure (Wauquiez, Ciotti) essaieront de réorganiser (d’unifier ?) la droite. La vie politique française se fera peut-être sans Marine Le Pen après un troisième échec à la présidentielle, mais elle ne se fera sans doute pas sans Zemmour.

David Doukhan

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