Emmanuel Macron entame sa seconde semaine de campagne. Il est aujourd’hui dans le Finistère. Mais des craintes se sont exprimées dans son propre camp sur une campagne trop courte, pas assez au contact et des sondages en baisse. Cela a agacé le président.
« J’attends que vous soyez au combat », a lancé Emmanuel Macron en Conseil des ministres
Ces critiques qui pleuvent sur sa campagne viennent de son propre camp. Emmanuel Macron a une expression consacrée pour cela : il parle de « tireurs couchés ». Ces responsables qui, bien souvent sous couvert d’anonymat, lâchent des critiques dans la presse pour régler quelques comptes. Macron exècre cet exercice. L’une de ses fidèles nous raconte avoir perçu, avant le week-end et en marge de son meeting samedi à la Défense, l’agacement du candidat : « ce qui le crispe », dit-elle, « ce sont les gens qui viennent te donner des conseils a posteriori ; il aurait fallu faire ceci, ou faire cela ». Un cadre de la campagne nous parle de « gens vexés parce que Macron ne les écoute pas, et qui donc expriment leur mauvaise humeur dans la presse ». Le président avait pourtant prévenu ses ministres mercredi dernier à la fin du conseil : « je n’attends pas de vous que vous alliez alimenter les commentaires mais que vous soyez au combat ». Mais c’est un classique, l’échéance approche vitesse grand V, les écarts se resserrent donc les esprits s’échauffent et certaines relations se tendent.
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Le problème c’est qu’avec la période d’égalité stricte des temps de parole à la télévision et à la radio, les macronistes ont du mal à aller défendre le programme et à répondre aux attaques. Il faut voir ce membre du gouvernement, habitué des plateaux de télévision en train de regarder son agenda désespérément vide. Les médias doivent accorder à la seconde près le même temps aux douze candidats. Les macronistes n’ont pas l’habitude d’avoir un accès réduit aux plateaux. Emmanuel Macron a conscience de cet écueil. Après son interview hier matin dans une radio, il lâche : « j’aurais préféré démarrer quinze jours plus tôt. Mais c’était impossible ».
Emmanuel Macron, la fin de l’effet drapeau ?
G7, sommet de l’OTAN, conseil européen, ce n’est en effet qu’après tout cela qu’il a pu enfin aller au contact à Dijon. Puis il y eut le meeting de la Défense. Aujourd’hui, il est dans le Finistère. Un autre déplacement est prévu jeudi et plusieurs interventions médiatiques jusqu’à vendredi. De quoi apaiser ceux qui s’inquiètent ? L’un des confidents du candidat affiche le calme des vieilles troupes : « certains sont fébriles, ce sont des maillons faibles. Ils n’ont jamais entendu le bruit du fusil alors ils tremblent ». C’est vrai que le président a un peu baissé dans les sondages mais cela ressemble à un ajustement lié à la fin de l’effet drapeau (augmentation du soutien populaire en temps de crise). Pas de quoi paniquer, mais il reste encore un peu de chemin à certains membres du nouveau monde pour s’aguerrir.
David Doukhan