Emmanuel Macron « a oublié que le maître du temps n’est pas lui, mais bien le virus » selon Axel Kahn

Axel Kahn était l’invité politique de la matinale de Dimitri Pavlenko. Le Président de la Ligue nationale contre le cancer a évoqué la difficile situation des malades du cancer en temps de covid-19, entre un nombre alarmant de retards de diagnostics et autres déprogrammations d’opérations. Il a aussi évoqué le nouveau confinement entrant en vigueur samedi 20 mars dans 16 départements.

Covid-19 : « La surmortalité des malades du cancer sera supérieure à 10 000 personnes dans les années à venir » dénonce Axel Kahn

Axel Kahn est l’auteur de l’essai Et le bien dans tout ça ? publié aux éditions Stock, un ouvrage voué à penser les défis éthiques de notre monde, notamment ceux de la lutte contre le covid-19 : « il y a des défis éthiques à toutes les phases et dans tous les aspects de la lutte contre la pandémie, mais ceux-ci ne sont pas d’une particularité complexe (…) nous sommes en terrain connu puisqu’il s’agit de protéger des vies ». Ce livre traite également selon son auteur « de questions éthiques plus dures : les métiers des armes, la gestion de l’arme nucléaire ou la morale dans un monde entouré de robots intelligents ».

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En pleine semaine nationale de lutte contre le cancer et alors que les déprogrammations d’opérations se font de plus en plus intenses (prêt de 40% depuis lundi), le Président de la Ligue nationale contre le cancer s’inquiète de la situation des patients. Selon lui, le plus grave n’est pas « le report d’opération » mais « le retard des diagnostics et donc de toutes les phases ultérieures du parcours de soin lié au fait que les gens hésitent à aller consulter à l’hôpital ». Axel Kahn affirme qu’en « début d’année 80 000 diagnostics n’étaient pas faits, aujourd’hui, ces chiffres s’élèvent aujourd’hui à 90 000 ou 100 000 personnes qui apprendront de manière décalée qu’ils ont un cancer » et se base sur une étude britannique pour avancer le fait que « les pertes de chances sont de 10% par mois de retard, sachant que la moyenne de retard est de trois mois, la surmortalité des malades du cancer dans les années à venir est supérieur à 10 000 personnes (…) mon cœur saigne quand je vois ça »

 

Suspension d’AstraZeneca : Axel Kahn décrit une procédure classique de pharmacovigilance

Suite à la suspension des injections de vaccins AstraZeneca puis sa reprise quelques jours plus tard, Axel Kahn « craint mais ne déplore pas » une possible réticence de se faire vacciner par des doses du laboratoire suédois dont l’image a été écornée. Selon lui, AstraZeneca « est un bon vaccin » mais les « accidents très rares et spécifiques observés sur une grande échelle ont entraînés une procédure classique de pharmacovigilance (…) on a eu une trentaine de cas en quelques jours, un nombre que l’on ne voit pas habituellement sur une année pleine (…) ce genre de phénomène, il faut l’étudier ».

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Axel Kahn accueille le nouveau confinement de 16 départements avec un certain fatalisme : « le gouvernement ne pouvait pas faire autrement, la situation est extrêmement tendue, plus encore qu’elle ne l’était au deuxième confinement (…) et comme il s’écoule un intervalle de 15 jours entre les mesures et leurs effets, la situation va devenir presque aussi grave que lors du premier confinement ». Cette mesure a donc, selon lui, été imposé par la situation sanitaire qui est d’ailleurs un peu différente dû à l’émergence des variants : « les gens sont moins âgés et restent plus longtemps dans les réanimations, les cas sont plus graves (…) les hôpitaux sont gênés dans leurs fonctionnement (…) en tant que Président de la Ligue nationale contre le cancer je sais combien les poursuites des soins de personnes atteintes de maladie chroniques sont perturbées ». Cependant, Axel Kahn ne manque pas de critiquer Emmanuel Macron et sa décision tardive de reconfiner les départements sous tension, en affirmant que « Je pense qu’Emmanuel Macron s’est trompé (…) le prix payé pour avoir reculé le confinement est extrêmement lourd (…) tout ça sous les contraintes considérables du couvre-feu (…) le Président de la République a oublié que le maître du temps n’était pas lui, mais bien le virus ».

Rémi Monti

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