Elisabeth Borne : Une Première ministre qui revient de loin

Jacques Witt/SIPA

C’était la semaine de tous les dangers pour Elisabeth Borne avec un discours de politique générale dont certains prétendaient qu’il entrainerait sa chute. On peut finalement affirmer que la Première ministre ressort victorieuse de ces premières turbulences et semble désormais armée pour mener à bien la politique du gouvernement.

Elisabeth Borne a trouvé une tonalité posée et n’en n’a pas trop fait

Elisabeth Borne revient de loin. La Première ministre était attendue au tournant cette semaine. Avec sa déclaration de politique générale. Finalement, elle a incontestablement marqué des points. D’ailleurs, signe qui ne trompe pas, son entourage jubile : « les retours sont très très très bons sur la déclaration de politique générale d’Elisabeth Borne». Pourtant, sur le papier, l’exercice était périlleux. Des oppositions déchaînées combinées à une Première ministre qui n’est pas une grande oratrice, pouvaient la faire trébucher. A l’inverse, elle a trouvé une tonalité posée et n’en n’a pas trop fait. L’un de ses proches nous confiait le 7 juin : « même sur la nationalisation d’EDF ou sur la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapée, on s’attendait à prendre des coups mais cela n’a pas été le cas ».

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Sur EDF, le groupe communiste a applaudi. Sur l’allocation adulte handicapée, les oppositions ont tout de même trouvé que c’était fort de café. En effet, rappelons que les gouvernements précédents ont toujours voté contre, jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron change d’avis, pendant la présidentielle. Mais ces protestations n’ont pas été bien méchantes. L’autre motif de satisfaction au sommet de l’Etat est l’interview d’Elisabeth Borne au JT de TF1, le mercredi 6 juin. Son passage a été regardé par plus de 5 millions de téléspectateurs. C’est une audience plus forte qu’un mercredi normal. En somme, les critiques vives de ces dernières semaines, ont disparu d’un coup. Certes, elle doit encore affronter, lundi prochain, une motion de censure mais l’opération lancée par les Insoumis n’aura pas, on le sait, de majorité pour renverser le gouvernement.

Une petite victoire afin d’imposer son style et son autorité 

La Première ministre revient donc de très loin. Elle était dans les cordes après le second tour des législatives. Elle a bien cru que le chef de l’Etat se séparerait d’elle. Hier, un ministre nous rappelait d’ailleurs que « Borne avait la tête dans le sable mais maintenant, elle a repris du poil de la bête ». Pour s’en sortir, à côté d’un président qui aime prendre toute la lumière, elle va devoir adopter la stratégie qui a si bien réussi à Edouard Philippe, et dans une moindre mesure à Jean Castex. En un mot, elle doit avancer sans crier gare, et enchaîner petites victoires sur petites victoires pour finir par imposer un style et une autorité. En politique, attention aux jugements hâtifs. C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens.

Marcelo Wesfreid

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