Emmanuel Macron était devant les maires de France, ce jeudi 18 novembre. On attendait un discours de réconciliation, ce ne fut pas vraiment le cas.
Pendant les discours de David Lisnard et Anne Hidalgo, le chef de l’Etat bouillait sur sa chaise
On guettait la réconciliation et on a eu le droit à une grande explication et quatre vérités. Des deux côtés d’ailleurs. Anne Hidalgo d’abord, maire de Paris mais aussi candidate à la présidentielle, qui est contre Emmanuel Macron. David Lisnard, ensuite, qui étrennait son nouveau costume de président de l’Association des maires de France (AMF) et qui a une bonne droite. Tous les deux ont reproché au gouvernement de ne pas faire confiance aux maires, notamment durant la crise sanitaire, et reproché à l’exécutif son extrême centralisation. Le regard noir, le chef de l’Etat bouillait sur sa chaise. D’autant qu’il lui a fallu supporter de longs discours avant le sien. Or, si Emmanuel Macron aime bien parler très longtemps, il n’aime pas écouter très longtemps. Alors en retour lui aussi a lâché ses coups, déplorant entre autres les préjugés des maires à son encontre, comme celui de ne pas avoir été maire lui-même. C’était le cas du Général de Gaulle leur a-t-il rappelé. Ce qui est rigoureusement exact, à ceci près que de Gaulle avait quelques autres titres à faire valoir pour conduire la France. Et quand il a entendu quelques murmures désapprobateurs, il les a carrément rappelés au civisme, à la loyauté et au respect.
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Emmanuel Macron ne croit ni en la déconcentration ni en la décentralisation
On l’a dit, il a été agacé par le ton et le temps des discours de David Lisnard et Anne Hidalgo. Le président de la République a aussi mal vécu le scrutin de la veille à l’AMF qui a vu David Lisnard l’emporter à deux contre un, contre un maire soutenu aussi ostensiblement que maladroitement par les macronistes. Je crois qu’il y a un malentendu ou plutôt une divergence plus profonde entre les élus locaux. Ceux-ci, et c’est normal, réclament toujours plus de décentralisation. Emmanuel Macron ne croit ni en la déconcentration ni à la décentralisation, c’est-à-dire à un Etat davantage en prise avec le terrain mais exerçant ses compétences plutôt qu’en les transférant. Ce sont vraiment deux logiques différentes. Alors avec les Gilets jaunes et le Covid, le chef de l’Etat a bien été contraint de vanter le rôle particulier des maires, mais sur le fond, il n’a pas changé de conviction. On entend dire qu’Emmanuel Macron devrait tenir une conférence de presse début décembre mais cela ne sera pas pour annoncer sa candidature à la présidentielle. Ca ne veut pas dire cependant, qu’il n’y a pas de calcul politique. Le discours de début décembre était prévu pour présenter la présidence de l’Union européenne que la France exercera à partir du 1er janvier. Ce sera l’occasion de dérouler des projets qui déborderont l’échéance de la fin du quinquennat. Et surtout, début décembre, ce sera la désignation du candidat LR, également la candidature officielle d’Eric Zemmour et Emmanuel Macron a fermement l’intention de ne pas leur laisser le monopole de l’attention médiatique.
Guillaume Tabard