La Primaire populaire est indéniablement un succès avec ses 400 000 participants. C’est, à tout le moins, le signe qu’il subsiste une attente dans l’électorat de gauche. Mais cette primaire est un échec politique parce que sa raison d’être était de faire émerger une candidature unique de la gauche. Mais nous avons juste une candidate de plus, Christiane Taubira.
Christiane Taubira s’est engagée à appeler tous les autres candidats de la gauche dans l’espoir, on imagine, d’obtenir leur retrait
Cette primaire est un scandale démocratique. Sa modalité, on le sait, n’était pas d’élire un candidat mais d’émettre un jugement majoritaire à partir non pas d’un vote, mais d’appréciations. D’où ces « Bien + », « Assez Bien – », « Passable + ». Admettons. Mais toute procédure de désignation repose sur un principe : celui de l’égalité entre les candidats. Or là, il y avait des candidatures obligatoires, celle des personnalités soumises au vote alors qu’elles l’avaient expressément refusé, comme Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou Anne Hidalgo. Et il y avait des candidatures interdites, comme celle du communiste Fabien Roussel qui n’avaient pas été soumises au vote. Une telle confusion rend illisible sinon illégitime le résultat de cette primaire.
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Christiane Taubira ne peut-elle pas malgré tout profiter d’un « effet primaire » dans les sondages ? A l’écouter hier, on se disait qu’elle n’en doutait pas. Et c’est vrai qu’on ne peut pas exclure un petit effet dû à la médiatisation de cette primaire, mais sur le fond, ce vote ne change pas radicalement la donne. Christiane Taubira s’est engagée à appeler tous les autres candidats de la gauche dans l’espoir, on imagine, d’obtenir leur retrait. Elle s’est adressée aux élus et aux dirigeants de partis, dans l’espoir, on imagine aussi, qu’ils lâchent leurs porte-étendards actuels. Mais on sait d’avance que ni Mélenchon, ni Jadot, ni Roussel ne se retireront pour elle. Et pourquoi le feraient-ils alors qu’elle n’est créditée que de 3 à 5 % ce qui, avouons le, interroge sur la crédibilité de sa démarche, même avec l’onction de cette primaire courue d’avance.
La pression va être très forte sur Anne Hidalgo pour qu’elle retire sa candidature
Parmi les candidats qu’elle va appeler, il y a aussi Anne Hidalgo, la maire de Paris. Si cette primaire fait une victime, c’est elle, avant tout, dans la mesure où la candidate socialiste est déjà dans une situation très affaiblie. Le risque est que des maires ou des dirigeants du PS prennent prétexte de cette primaire pour la pousser vers la sortie afin d’éviter au Parti Socialiste une catastrophe dont il ne se remettrait pas. La pression va être très forte sur Anne Hidalgo. Elle est d’ores et déjà prévenu qu’elle ne se retirerait pas. Mais après tout, elle avait aussi dit qu’elle ne se présenterait pas…
Guillaume Tabard